A FORTIORI
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
E.LATTANZIO : J'ai peur de rouler en bicyclette, a fortiori sur une route à grande circulation. Y.AMAR : Donc, vous avez toujours peur, mais encore plus sur une grande route, à plus forte raison sur une grande route. C'est le sens de cette expression, a fortiori. E.LATTANZIO : C'est même le sens littéral de l'expression en latin, puisque c'est du latin, qui est passé tel quel en français. Y.AMAR : Cela garde un parfum latinisant : le "a" s'écrit sans accent, car c'est le "a" latin. Sur le même modèle on entend des expressions comme "a priori" ou "a posteriori". E.LATTANZIO : "A fortiori" sert donc à renforcer, à surenchérir sur une raison, sur une cause. Mais d'autres tournures sont possibles. Vous voulez aller au théâtre ? Vous trouverez facilement une place, d'autant plus que vous connaissez le directeur de la salle. Y.AMAR : Ou encore, vous serez d'autant mieux reçu que vous êtes le cousin du directeur. E.LATTANZIO : Autre possibilité l'expression "qui plus est". Je sais que je vais passer une excellente soirée chez Suzy. Elle est charmante, excellente cuisinière qui plus est. Y.AMAR : Là, on surenchérit sur une qualité, non pas sur une cause : Suzy est très jolie, excellente nageuse qui plus est. En plus d'être ravissante, elle nage bien. E.LATTANZIO : Si l'on veut intensifier une même idée, on peut utiliser l'adverbe "voire", dans le sens "ou même". Cela prendra bien trois semaines, voire un mois. Y.AMAR : Deux remarques : "voire" n'a rien de commun avec le verbe "voir" et prend un "e" final. D'autre part, on entend souvent "voire même" : il est difficile de s'entendre avec Anatole, voire même impossible. Mais les deux mots sont de même sens. C'est donc un pléonasme, et l'un d'entre eux pourrait avantageusement être supprimé. C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.