BILLARD
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
Y.AMAR : Dieu que mon appendice me lance ! J'espère ne pas passer sur le billard. E.LATTANZIO : Vous voulez dire que vous redouteriez d'être opéré. Le billard est une image familière pour désigner la table d'opération. Y.AMAR : Oui, parce qu'un billard, c'est plat, et grosso modo de la même taille qu'une table d'opération. Mais le billard nous a livré d'autres images. E.LATTANZIO : Et d'abord, "c'est du billard!", c'est-à-dire c'est très facile. Non qu'il soit facile de jouer, mais parce que les boules roulent facilement sur le tapis de la table de billard. Y.AMAR : Facilement et même très vite, si on les attaque "bille en tête", sans donner d'effet en frappant la boule sur le côté. E.LATTANZIO : En tout cas, attaquer bille en tête c'est éviter les préambules lorsqu'on veut aborder un sujet ou une négociation : on va droit au but. Y.AMAR : Pour aborder ce sujet, on sera d'autant plus à l'aise qu'on touche sa bille ... c'est-à-dire (et c'est très familier) s'y connaître, être très compétent : Zacharie, en plomberie, il touche sa bille ! E.LATTANZIO : Et le verbe "caramboler" vient également du billard. Caramboler, c'est toucher du même coup deux autres billes. Le verbe est passé dans le langage de l'automobile : quand deux voitures se heurtent, elles se carambolent. Y.AMAR : Mais vous savez que l'art du billard est celui du ricochet : les boules rebondissent sur les rebords du billard qu'on appelle les "bandes". Et si, en français, on apprend quelque chose par la bande, c'est qu'on l'a appris indirectement, par rebond. C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.