GREVE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E.LATTANZIO : Aujourd'hui, c'est la grève de la Fonction Publique!

Y.AMAR : Ça veut dire qu'un certain nombre des salariés de la
Fonction Publique ne vont pas travailler, pour signifier leur
mécontentement par rapport à leurs conditions de travail ou leurs
inquiétudes pour l'avenir. Une grève, en tout cas, s'adresse à
ceux qui détiennent le pouvoir et leur fait passer un message. Par
quel moyen ? En cessant le travail.

E.LATTANZIO : Pourquoi ce mot de "grève" ? Grève s'apparente à
"gravier" (petit caillou). Par extension, "grève" signifie "plage"
(encore maintenant, mais c'est littéraire et rare), ça s'applique
d'ailleurs au ruban de terre qui borde la mer, lorsqu'il n'est pas
destiné à accueillir les baigneurs. Ce n'est donc pas un synonyme
de plage au sens actuel.

Y.AMAR : Au XIVème siècle, on appelait Place de Grève une place
située en bordure de la Seine, à l'emplacement de l'actuelle Place
de l'Hôtel de Ville. Cet endroit était célèbre pour être le lieu
des exécutions publiques, mais aussi parce que, sur le sable de
cette grève se réunissaient les ouvriers en attente d'embauche. Il
s'y tenait donc une manière de bourse du travail. "Etre sur la
grève" était donc équivalent à "n'avoir pas de travail", donc à
"chômer".

E.LATTANZIO : Etrangement, il faut attendre le début du XIXème
siècle pour que l'expression "faire grève" se rencontre avec le
sens de "cesser le travail" pour faire valoir une revendication. A
partir de là dérive naturellement les expressions "être en grève",
et "une grève". Plusieurs modalités sont possibles.

Y.AMAR : "Grève sur le tas" (sur le lieu de travail, décidée sans
qu'un préavis soit déposé), on disait aussi "grève des bras
croisés".

E.LATTANZIO : "Grève tournante", "grève perlée" qui s'apparente au
sabotage : plusieurs postes de travail se mettent en grève à tour
de rôle sans que le travail cesse jamais totalement, ce qui vise
une désorganisation totale du travail.

Y.AMAR : La "grève du zèle", expression souvent mal comprise, qui
consiste à en faire trop, en observant toutes les consignes, donc
en ralentissant considérablement les rythmes, par exemple à un
poste de douane ou dans un aéroport.

E.LATTANZIO : Et par extension, "grève" a parfois pris le sens de
refus d'une certaine activité : grève des impôts, grève de l'amour