PLAN

Par: (pas credité)


On vient de remercier le Commissaire au Plan. Peu m’importe pourquoi, ce ne sont pas mes affaires. Nonobstant, j’y vois une bonne raison de m’intéresser au mot « plan ».

Dans le sens qui nous occupe, il fait partie du langage administratif. Le Gouvernement français, et bien d’autres avant lui, en particulier, le pouvoir soviétique qui en avait fait l’une de ses spécialités, met au point une série d’objectifs. On a ainsi parlé du 4ème, 5ème, 6ème plan, de plan quinquennal, etc.

De même, ce ouaté administratif nous entraîne vers les mots « planifier », « planification » : actions générales de coordination : on centralise l’information pour assurer la cohérence entre les diverses activités. Mais, tout ça prévu à l’avance : c’est l’idée principale, lorsqu’on planifie.

« Planning » est un anglicisme plus modeste et plus quotidien, synonyme d’emploi du temps (avec parfois, exceptionnellement, un sens voisin de « planification » ; « planning » familial).

Comment comprendre ce sens de « plan » ? C’est simple : au départ, un « plan » est une surface plane, sans aspérité. Puis, c’est le dessin qu’on peut faire figurer sur cette surface plane. De fil en aiguille, ce dessin devient l’anticipation d’une construction en trois dimensions, un schéma, avec des indications dessinées, qui permettront la construction (plan d’une maison, d’une fusée). Parfois, on l’a écrit « plant », comme si ça donnait l’idée de la plantation future de l’édifice. On a donc une étymologie fausse, fantasmatique et éclairante qui vient rôder autour de la vraie.

Deux idées directrices dont : structure et projet.

De là, « plan de bataille, d’action, d’évasion ». On prévoit tout un enchaînement. Et on arrive tout naturellement au sens administratif d’où nous étions partis.

Mais attention, « plan » bénéficie d’une vogue tout à fait exceptionnelle dans le langage familier d’aujourd’hui : « j’ai un bon plan » = j’ai une bonne combine, un bon tuyau.

Parfois, on en rajoute : « un super plan » pour les vacances, la ferme de tante Angèle ; « un plan d’enfer » : hier soir chez Jojo (une bonne soirée, un bon moment).

A l’inverse, « le mauvais plan » c’est la mauvaise idée, la situation dont on a peine à se tirer.

Et même, en emploi absolu : « j’ai eu un ‘plan’ avec mon ordinateur : toutes mes autoroutes rayées de la carte en un instant ».