GALAXIE
Par: (pas credité)
La "galaxie Haider"… un titre récent de la presse française, qui fait référence à tous les liens qui ont pu se tisser autour du leader d’extrême-droite autrichien : vieilles amitiés ou intérêts partagés des conservateurs bon teint, des industriels, des activistes militants, des nostalgiques du IIIème Reich… Tout ce qui tourne autour de Haider, pourrait-on dire. Que ça tourne ou pas, c’est en tout cas une image astronomique qui évoque un ensemble d’éléments disparates, ayant quelques points communs.
Le mot est parfois employé au figuré dans ce sens, même si l’un de ses premiers emplois célèbres, au figuré, a une signification assez différente. En 1970, paraît la "galaxie Gutenberg", du sociologue Marshall McLuhan, qui définit les contours de la culture de l’écrit, et sa position face à la culture audiovisuelle en plein développement. Mais, là encore, le mot "galaxie" définit bien "tout un monde"….
Qu’est-ce au sens propre qu’une "galaxie" ? Un amas d’innombrables étoiles, dont la structure est spirale, elliptique ou irrégulière. Celle où nous vivons compterait 100 milliards d’étoiles, dont le soleil (belle leçon de modestie), et on l’appelle aussi la voie lactée, puisque cette sœur lumineuse, cette traînée blanchâtre est justement cet amas d’étoiles vu de la terre et qui ressemble à une coulée de lait. D’où son nom – voie lactée ; et son dérivé, "galaxie".
On a d’autres images parentes : la nébuleuse, assez semblable à la "galaxie", avec une nuance de flou plus accentué : les relations entre les gens semblent encore plus ténues, ou difficiles à cerner. Et l’origine du mot est pour beaucoup dans cette nuance, puisque nébuleuse, qui dans un vocabulaire astronomique contemporain est analogue à la "galaxie", vient de la famille nuage. Au départ, une nébuleuse était une étoile d’aspect diffus, et on parlait d’ailleurs d’étoile nébuleuse.
Par la même occasion, on va faire un sort à mouvance : milieu instable et vague de gens qui se croisent et se connaissent vaguement. Ça s’emploie aussi bien pour une tendance idéologico-politique (la mouvance anarchiste) qu’artistique (la mouvance surréaliste)… et ça évoque une tendance informelle, plus vague qu’un "milieu".
A l’inverse, le réseau fait naître l’idée de quelque chose de plus organisé. Au sens littéral, c’est un filet, un entrelacs structuré –ça aurait pu traduire le Net, mais on a choisi la Toile ; les réseaux sont souvent concrets (téléphonique, ferroviaire, routier…), mais le mot est aussi utilisé pour évoquer des bandes d’amis, de connaissances qui peuvent s’entraider, se renvoyer les ascenseurs, avec des logiques qui échappent au commun des mortels. C’est que l’idée du réseau est largement clandestine, et que le mot renvoie au souvenir des organisations secrètes de la Résistance.