MAZOUT
Par: (pas credité)
Jessica va-t-elle « mazouter » les tortues géantes ? Et les iguanes ? Et les fous masqués ? Et toute cette faune d’un autre âge qui survit aux Galapagos ? En tout cas, le problème du « mazoutage » se repose à chaque nouvelle marée noire. C’est-à-dire de la contamination par le « mazout », le fait pour certains animaux, surtout des oiseaux, de s’engluer dans du « mazout » qui les empêchera de voler. On parle donc depuis plusieurs années des oiseaux « mazoutés », que parfois des équipes de bénévoles zoophiles « démazoutent ». Le mot est donc tristement productif.
Ce mot de « mazout » est tout juste centenaire et nous vient du russe qui l’avait probablement emprunté à l’arabe « mazhulat » : reste, déchet, détritus. Et, il faut bien avouer que ce combustible brunâtre et visqueux, pour utile qu’il puisse être, n’a pas une très bonne image.
Une fois qu’on sera rapidement passé sur l’un des plus célèbres calembours grivois du siècle, qui sert parfois de test pour évaluer le degré d’aisance d’un francophone (« j’ai un poêle à mazout »), on explorera une partie du vocabulaire que les pétroliers ont tristement mis à l’honneur : dégazer par exemple, c’est-à-dire vidanger les restes d’hydrocarbure pour nettoyer les cuves… (et il est interdit de le faire en haute mer).
Voyons maintenant les synonymes de « mazout ». Car, il en a le bougre. Et il est salement concurrencé par le fuel, mot anglais, au départ fuel oil.
Fuel existe en anglais depuis le XIIIème siècle, et ce mot lui-même provient de l’ancien français, et encore auparavant du latin. Focalia, c’est ce qui brûle, et le fouaille, en ancien français, a désigné tout ce qui était susceptible de chauffer celui qui le faisait brûler – en particulier le bois de chauffage. Un banal ping-pong a fait revenir le mot en français, avec une prononciation à l’anglaise, fioul, qui a induit une orthographe phonétique assez courante, un peu bizarroïde, mais pas antipathique.
D’ailleurs, les francisations et changements graphiques sont fréquents dans ce domaine, puisqu’on avait déjà l’exemple du gas-oil, devenu gasoil, prononcé gazwal, puis, en un dernier avatar, devenu gazole.