FACTEUR
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
Les facteurs sont en grèves. En tout cas à Paris, même s’ils ne le sont pas tous. Ce qui signifie que la distribution du courrier est fortement perturbée. Le facteur en effet est celui qui distribue le courrier. La mot est ancien, et il ne fait pas très officiel. En effet, on parlera plutôt, dans les circonstances officielles, de préposé à la distribution du courrier. Mais dans un langage courant, on parle encore du facteur qui fait sa tournée. Et c’est un travail un peu à l’ancienne, à pied, ou à vélo. En tout cas, on fait du porte à porte, et cette pratique ne risque pas tellement d’être modifiée par un ergonomie radicalement différente. ; quand on porte le courrier, on passe au 1, puis au 3, puis au 5. Et ensuite au 2, au 4 et au 4 bis…Le facteur est donc un assez vieux mot, sympathique et populaire. J’attends le facteur. Et la candidature à l’élection présidentielle française de mai 2002 d’Olivier Besancenot a rappelé que ce mot était très représentatif d’un métier populaire, dans les deux sens du mot : « petit » métier, et métier qui attire la sympathie.
Mais pourquoi facteur ?
A priori, le facteur est celui qui fabrique : le mot vient de facere, faire en latin. Et il a gardé quelques emplois en rapport avec cette origine : on parle de facteur à propos de fabricants d’instruments de musique. Pas n’importe les quels d’ailleurs : piano, clavecin, orgue.. les instruments à clavier surtout… Car le mot a un concurrent : luthier qui s’emploie en particulier pour tous les instruments à cordes frappées ou frottées… violon, guitare etc.
Mais pourquoi le facteur porte-t-il les lettres. On ne sait pas trop : c’est l’usage.
Au départ le facteur est un mot commercial (en latin, factor était même un mot religieux : celui qui fait, qui crée, le créateur... le bon dieu n’était pas loin…)
Mais à partir du 14è s., le facteur était celui qui représentait quelqu’un d’autre dans une négociation commerciale, qui donc « faisait à la place de… »
Et puis, à partir du 17è s., on a parlé de facteur de lettres, notamment lorsqu’en 1759 a été instaurée la « Petite poste », système d’acheminement du courrier.
Et le mot est toujours en usage, avec même un récent féminin, factrice depuis que la profession s’est féminisée.