SOLIDARITE

Par: Yvan Amar

Maître mot de cette rentrée, solidarité… Heureusement d’ailleurs. Avec un sens évident que tout le monde comprend… le sens d’entraide, et notamment l’aide de ceux qui sont relativement épargnés vers ceux que le malheur a touchés. Et si la solidarité peut être individuelle, lors de catastrophes planétaires comme celle qui vient de s’abattre, les solidarités sont plutôt collectives… C’est pourquoi on parle souvent d’élan de solidarité…

Mais, l’origine du mot est assez loin de ce genre de sens…
Solidaire, en fait, est de la famille de solide… Et c’est, non seulement, par le latin, mais par une expression latine toute faite, que le mot s’installe dans notre langue : in solido.
Cette expression veut dire, littéralement, pour le tout. Et elle implique, en général, une idée de responsabilité partagée. Entre associés, par exemple. Si une affaire commune périclite, et qu’un des deux associés ne parvient plus à payer les dettes, l’autre devra y subvenir… Pour la totalité de la dette. Et non, pas seulement, à proportion de ses parts dans l’affaire…

Le nom « solidarité » est plus récent que l’adjectif solidaire… D’ailleurs, il a été un temps en concurrence avec le mot solidité… qui n’a gardé que sa signification concrète… Et c’est à la fin du XVIIIème siècle, à l’époque révolutionnaire, que le mot commence à s’employer dans un contexte d’interdépendance : contribution de solidarité, impôt de solidarité. C’est l’idée que les riches doivent payer pour les pauvres, les nantis pour ceux qui n’ont pas grand chose… Et cette idée de solidarité est plus souvent théorique, politique, que forcément ressentie : on imagine des modèles de société fonctionnant grâce à ces contributions de solidarité… Ce ne sont pas toujours des élans spontanés… Puis, à la fin du XIXème siècle, on se met à parler de solidarisme et de solidariste… Des mots qui font partie du vocabulaire politique de l’époque, et qu’on n’utilise plus guère aujourd’hui…

Mais, la solidarité consiste aussi à s’associer avec quelqu’un d’autre, pour montrer qu’on trouve sa cause juste, même si on n’est pas directement concerné… On peut faire grève parce qu’on veut être mieux payé… Mais, on peut aussi faire grève par solidarité avec ceux qui sont si mal payés… même si on l’est un peu mieux… pour les soutenir, exprimer qu’on trouve leur lutte légitime…
Quant à l’antonyme, au contraire, désolidariser… il arrive en français vers la fin du XIXème… et ne s’emploie pratiquement qu’à la forme personnelle : se désolidariser… qui revient à afficher un certain désaccord avec ce qu’a fait l’autre.