POSITIVE ATTITUDE

Par: Yvan Amar

Une expression qui fait fureur… Surtout depuis que le Premier ministre français l’a reprise à son compte… Et l’a même détournée tant il l’aime… puisqu’il a parlé récemment de « négative attitude » à propos de certains syndicalistes. Le sens de ces deux expressions est bien clair… Ou bien Jean-Pierre Raffarin applaudit un comportement, une façon de voir les choses qu’il pense aller dans le bon sens. Ou bien, il critique un genre de mauvais esprit. Une attitude de dénigrement, d’hostilité systématique… Alors, on connaît l’origine de l’expression, qui tend à devenir une formule choyée par les politiques d’aujourd’hui. C’est, comme le rappelait « Le Monde » d’il y a deux jours, un emprunt à une chanson chantée par la jeune Lorie : on a la tête haute et on regarde droit devant… Difficile, en effet, de ne pas être séduit par ce maintien, ce courage, cette détermination !

On aurait mauvais esprit aussi à souligner l’anglicisme de l’expression. Il existe, bien sûr… et ça se voit simplement dans l’ordre des mots. On parle de « positive attitude », et non d’ « attitude positive ». Et d’ailleurs, on parle de « la » positive attitude, et non d’une « attitude positive » en général, ce qui renforce l’idée qu’on a affaire à une citation.

Mais, si les mots qui composent cette expression se retrouvent avec la même orthographe, en anglais comme en français, ils n’ont pas exactement la même histoire.

« Positive » est très fréquent en anglais dans ce genre de contexte. Le mot donne bien l’impression qu’on fait face, qu’on ne cède pas ni au découragement, ni à la dépression, ni à la peur. On trouve un bon côté aux choses, et on prend les choses du bon côté… Psychologie de bazar peut-être, mais qui parfois peut donner du ressort. Et qui représente bien une sorte d’idéologie « à l’américaine ».

Mais c’est « attitude », le mot qui est vraiment intéressant…
Il est ancien en français avec le sens d’abord de « posture » : une façon de se tenir. Et le mot s’emploie d’abord dans le vocabulaire de la peinture : on parle de l’ « attitude » des personnages qu’on peint sur les tableaux, attitudes souvent codées, et qui représentent quelque chose ; un sentiment, un désir, une manière d’être… Notamment dans la peinture religieuse, les attitudes sont importantes, et correspondent à un certain sens ! Et puis, le mot s’est généralisé, pour désigner une façon de voir les choses, individuelle ou collective. Il est alors presque synonyme de comportement ponctuel, en réponse à une situation donnée. « Quand je lui ai présenté ma démission, le patron a eu une attitude très généreuse, ou au contraire, très mesquine… : il m’a reproché de déserter le bateau qui coule, a mégoté sur mon dernier salaire… »

L’attitude est, donc, très précisément à cette jonction du physique et du comportement, l’un reflétant l’autre, et pouvant même influer sur l’autre… Quand on se tient bien droit, la tête haute, les yeux fixés sur l’avenir… on a tout de suite plus d’énergie. Et c’est là qu’on voit comment le mot a pris une signification particulière en anglais, ces dernières années… L’attitude, c’est une façon de se tenir… et en même temps de se percevoir soi-même. Une façon d’annoncer qui on est. Et le mot s’est employé, notamment, depuis la lutte pour les droits civiques, à propos des minorités qui redressent la tête et refusent le racisme, la ségrégation, ou même simplement l’oppression dont elles sont victimes. On assume une certaine fierté, on relève la tête, on ne tente pas de se cacher, de faire profil bas… On prend une certaine attitude !