EUROPE bis

Par: Yvan Amar

Europe… Dieu sait qu’on en parle. Mais, pourquoi ce nom. Il est bien vieux et en grec très archaïque, il semble qu’il soit à rapprocher d’une vieille racine qui signifie le sombre, l’obscur, le noir.
Pourquoi ? Peut-être parce que, pour les Grecs, ce qu’ils nommaient ainsi se situait au Couchant, vers l’ouest, là où le soleil s’abîme dans l’océan… au-delà peut-être des colonnes d’Hercule, par là où l’on situait l’entrée des Enfers. Enfin ce mot, qui apparaît fort tôt, vers le 6è siècle avant notre ère, n’a pas, pour nos ancêtres, le sens qu’il a pour nous, même si très vite, il désigne une très importante portion de terres, indépendante de toute logique d'Etat.
Mais, on sait bien que la fin des terres comme la fin de la vie font peur et font fonctionner l’imaginaire. Et surtout l’imaginaire mythologique qui trouve toujours une explication fantastique et belle à l’origine des hommes et à l’origine des choses.

Alors… je ne demande qu’à la croire, cette mythologie, qui fait d’Europe une jeune fille à la peau sombre, belle, vierge et désirable, fille de roi (le paternel, c’est Agénor de Phénicie) et qui, comme toute fille de roi, belle, vierge et désirable, joue sur le rivage avec ses compagnes. Zeus l’aperçoit, qui bien sûr s’en éprend, imagine aussitôt quelque stratagème, prend la forme d’un admirable taureau blanc, et vient s’ébattre parmi les jouvencelles. Emoi général. La plus intrépide le cajole, l’apprivoise en se laissant apprivoiser, jusqu’à ce qu’elle s’enhardisse à lui monter sur le dos. Dès ce moment, les choses se précipitent, et Zeus le taureau se précipite à la mer qu’il fend avec force et majesté. Nage longue et droite. Accostage aux rives de Crète. Union exquise des corps sous un platane, qui d’émotion, en restera toujours vert. Vie amoureuse et demi-divine.
Trois fils naissent de ces amours : Minos, Eaque et Sarpédon. Et trois cadeaux : une lance qui jamais ne ratait son but. Un chien, Laelaps, qui jamais ne laissait échapper sa proie. Un gardien, fort à faire peur : un homme de bronze ! Talos qui, tous les jours, faisait le tour de l’île et tuait les étrangers qu’il croisait.
Inutile de vous dire que, pour aller conter fleurette à la belle, il fallait être raisonnablement sûr de soi. Ce que fut Astérios, roi de l’île, qui épouse finalement Europe, lui donne semble-t-il une fille, Crété, adopte les enfants qu’elle avait eus de son olympienne liaison, et fait même de Minos, le fils aîné, son héritier. Minos ainsi règnera sur la Crète… on sait à quel prix et sous quelle funeste destinée. Mais, ceci est une autre histoire.