HANDICAP

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E. LATTANZIO : Hier, nous parlions des infirmes, aujourd'hui, nous
allons parler des "handicapés". Vous avez noté que je n'ai pas
fait la liaison : les "handicapés" avec un "h" aspiré, et non pas
les "z'handicapés".

Y. AMAR : En effet, le "h" est aspiré dans les deux mots "handicap
et handicapés".

E. LATTANZIO : La règle est respectée en général en ce qui
concerne le nom "handicap", mais elle est bien souvent enfreinte
quand il s'agit des "handicapés".

Y. AMAR : De qui parle-t-on d'ailleurs quand on emploie ce mot de
handicapé ? De gens qui ont une gêne sur laquelle on reste discret
et imprécis. Le mot marque un souci d'euphémisme ; on passe
légèrement sur une infirmité, et justement, c'est le mot
"infirmité" qu'on a peur d'employer. On pense que le mot
"handicapé" est plus respectueux, même si parfois on se trompe. En
tout cas, ça part d'un bon sentiment.

E. LATTANZIO : Le handicap peut être corporel, on parle de
handicapés moteurs, et peut être également psychologiques, on
parle de handicapés mentaux. Mais le mot a une certaine vigueur,
puisqu'il s'est étendu à un domaine plus général.

Y. AMAR : Un handicap peut être une simple gêne, un simple
embarras : si vous souhaitez aller travailler à Madrid, c'est un
handicap de ne pas parler espagnol.

E. LATTANZIO : L'origine du mot est assez compliquée ; il nous
vient d'une expression anglaise "hand in cap", mot à mot, "la main
dans le chapeau".

Y. AMAR : Mais le chemin parcouru est très mystérieux. Il semble
qu'au 17ème siècle, on ait connu en Angleterre un jeu de société
très en vogue qui consistait à mettre en jeu ses effets
personnels. Toutes les mises étaient disposées dans un chapeau, et
seul le gagnant pouvait y mettre la main. Mais l'expression est
passée assez rapidement dans le vocabulaire hippique.

E. LATTANZIO : Si, dans une course, un cheval est à l'évidance
plus rapide que les autres, on va le lester pour l'alourdir, de
façon qu'il n'ait pas plus de chance que les autres. Jusqu'à la
fin de la course, les parieurs ne seront pas sûrs du résultat.

Y. AMAR : C'est ce qu'on appelle la noble incertitude du sport. Il
faudrait, dans l'absolu, que tous les chevaux eussent une chance
égale de gagner. On pourrait alors mettre dans un chapeau tous les
noms des partants, sans préjuger de celui qui serait premier à
l'arrivée.

C'était "Parler au quotidien", une émission proposée par le Centre
National de Documentation Pédagogique ...

E. LATTANZIO : ... Et par Radio France Internationale.