DOCTEUR
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
Y.AMAR : Evelyne, vous allez "au" docteur ou "chez" le docteur ? E.LATTANZIO : Ni l'un ni l'autre : je vais chez le médecin. Y.AMAR : Je vais au docteur est peut-être la plus célèbre des fautes de français. Bien sûr, il faut préférer la préposition "chez". Mais au-delà de cette tarte à la crème, c'est l'usage du mot "docteur" qui est populaire et un peu inadéquat. E. LATTANZIO : En même temps il témoigne, ce mot de docteur, d'une certaine déférence par rapport à un savoir : il renvoie au sens étymologique : docteur = savant. En tout cas, dire "docteur" pour médecin, c'est faire une ellipse et sous-entendre "docteur en médecine". Y.AMAR : On peut être docteur en bien autre chose qu'en médecine. Il s'agit d'un titre qu'on obtient en passant sa thèse de doctorat. Mais on peut aussi être docteur ès sciences, ou docteur ès lettres. Cette préposition "ès" étant la contraction de "en les", en ancien français. E.LATTANZIO : Ce terme de docteur peut donc s'employer de façon irréprochable. Quand on parle à quelqu'un : "Bonjour docteur ..." ou quand on dit son nom : "J'ai demandé au docteur Durand ...", là on ne pourrait pas employer le mot médecin à la place de docteur. Y.AMAR : On trouve ce mot de docteur dès le Moyen-Age : le docteur, c'est celui qui est capable d'enseigner (de docere en latin) - le maître. Et dès cette époque, le docteur a deux emplois fréquents : celui qui interprète les textes sacrés (souvenez-vous de Jésus devant les docteurs ...) ou bien, déjà, il s'agit du médecin. E.LATTANZIO : Pas de féminin à ce terme, du moins pas dans l'usage courant : le mot "doctoresse" est désuet et il n'y a qu'au Québec qu'on le féminise couramment avec un "e" : "Madame le docteure". Y.AMAR : C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATTANZIO : ... et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.