PINCE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Y.AMAR : La pince à linge évoque Beethoven (vieille plaisanterie
de Francis Blanche) mais la pince c'est bien autre chose ... Et
cet outil, simple, modeste et utile sert bien souvent aussi
d'image dans la langue française. Surtout lorsqu'il s'agit de
parties du corps.

E.LATTANZIO : Par exemple, si vous venez "à pinces", c'est que
vous venez à pied. Bien sûr l'expression est familière et dans ce
cas-là, les "pinces" ce sont les jambes.

Y.AMAR : Mais lorsqu'on dit "Demain je viendrai vous serrez la
pince", la pince dans ce cas-là, c'est la main. Mais uniquement
dans cette expression. Danc ce cas, la pince, c'est la main qui
serre : "L'empereur et le petit prince sont venus pour me serrer
la pince".

E.LATTANZIO : Quant au verbe "pincer", il s'applique davantage à
la bouche et à ses rictus : un sourire "pincé" est contraint,
hostile, c'est un faux sourire.

Y.AMAR : Et si on a l'air pincé, on arbore une attitude raide,
dégoûtée et réprobatrice.

E.LATTANZIO : Et c'est toujours l'autre qui parle d'air pincé.
Celui qui est choqué, qui prend cet air, ne le dira pas de cette
façon.

Y.AMAR : Est-ce que le "pince sans-rire" a un air pincé ? Est-ce
qu'il essaie ainsi de tout contrôler ? C'est autre chose, mais le
sens de l'expression dérive de cet air pincé : le pince sans-rire
est réputé pour son humour. Il fait rire les autres, sans jamais
rire lui-même. C'est par exemple Buster Keaton.

E.LATTANZIO : L'expression provient d'un jeu très ancien, un
ancêtre du "je te tiens par la barbichette" où, justement, il
fallait se retenir de rire. Et le coeur ne se pince-t-il pas ?

Y.AMAR : Si, mais malgré soi. Un pincement au coeur exprime une
mortification, une frustration. J'ai appris par exemple le mariage
de la belle Denise ... Je ne l'aime plus, mais malgré tout, j'ai
un léger pincement au coeur.

E.LATTANZIO : Il est vrai que, naguère, vous en pinciez pour la
belle Denise ...

Y.AMAR : C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le
Centre National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.