ESCALIER
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
E.LATTANZIO : Vous souvenez-vous de Clémenceau qui disait "Le meilleur moment dans l'amour c'est l'escalier!". Y.AMAR : Belle image, où l'escalier représente l'"avant", ce qui précède : on envisage, on espère. E.LATTANZIO : Mais on parle aussi de "l'esprit de l'escalier" Y.AMAR : C'est presque le contraire : non pas l'escalier qu'on monte mais celui qu'on redescend : avoir l'esprit de l'escalier c'est ne pas avoir la répartie assez prompte, ne pas savoir quoi répondre, sur le moment, à un interlocuteur. Et ensuite quand il est trop tard, on pense soudain à la phrase cinglante qui aurait fait mouche ... mais il est trop tard : on est déjà dans l'escalier. E.LATTANZIO : Le mot vient du latin médiéval, arrive en français à l'époque de la Renaissance, pour désigner des escaliers somptueux, en pierre, menant à des maisons seigneuriales. Auparavant ? On parlait de "montées" ou de "degrés", ce dernier mot existe encore pour désigner les "marches". Cela s'emploie encore, dans un langage recherché et surtout au sens figuré : "gravir les degrés du pouvoir" ... L'image des escaliers est encore là. Y.AMAR : Petit problème de nombre : dit-on monter l'escalier ou les escaliers ? On dit les deux. E.LATTANZIO : Le pluriel est moins fréquent. Il était considéré comme incorrect par nos grands-parents ... Mais aujourd'hui on est plus souple. Ce pluriel est d'ailleurs parfois expressif : on monte les escaliers quatre à quatre. Ça renvoie aux marches nombreuses mais aussi au fait qu'un escalier est composée de différentes volées de marches, d'un palier à l'autre. C'est un objet multiple. Y.AMAR : On parle également d'escaliers mécaniques, qui bougent tout seuls, d'escaliers roulants, c'est la même chose dans un langage un peu enfantin. Ou d'escalator, anglicisme souvent employé en particulier dans les grands magasins. C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.