SONNAGE DE "E"

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Y.AMAR : "Sardine" : à votre avis, deux ou trois syllabes ?

E.LATTANZIO : Tout dépend : au nord de la France, sardine a deux
syllabes. Dans le Midi, on a tendance à prononcer le mot en trois
syllabes, en faisant sonner le "e" final.

Y.AMAR : Et ce "e", qu'on appelle "muet" ou "instable" est l'une
des voyelles les plus particulières de la phonologie française,
puisqu'il a une prononciation à éclipse.

E.LATTANZIO : En finale, il n'est jamais prononcé, en français
standard, disons en français d'Ile-de-France, une cousine : deux
syllabes. Alors que dans le Midi, on l'a vu, c'est différent.

Lorsque ce "e" instable est au milieu d'un mot, on a le choix : on
le prononce ou pas.

Y.AMAR : Mais attention : lorsque le "e" est précédé de deux
consonnes différentes, il ne peut pas tomber, il n'est pas
instable : dans "vendredi", par exemple, le "e" se prononce
toujours. De même "étranglement".

E.LATTANZIO : Quand ce "e" n'est précédé que d'une seule consonne,
il peut tomber : on prononce "samedi" ou "sam(e)di".

Y.AMAR : Est-ce un langage relâché que de ne pas prononcer ce "e"
? Non. Même dans une langue orale très soignée, on peut ne pas
prononcer ce "e".

E.LATTANZIO : Mais que se passe-t-il lorsque dans deux syllabes
consécutives, on a deux "e" muets, en particulier quand il s'agit
de deux mots différents, d'une seule syllabe : "je te
préviendrai".

Y.AMAR : On peut les prononcer tous les deux. Ou on peut supprimer
le premier : "j'te préviendrai", qui devient couramment "Ch'te
préviendrai" : la suppression du "e" modifie parfois la
prononciation des consonnes. On peut supprimer le second "e"
uniquement : "je t'préviendrai", ce qui semble moins fréquent.

E.LATTANZIO : De plus en plus fort : que se passe-t-il lorsque
trois "e" se suivent, "il faut que je me lève" ?

Y.AMAR : On peut en supprimer un, quel qu'il soit : "qu'je me
lève", "que j'me lève", que je m'lève". On peut en supprimer deux
: le premier et le troisième "il faut qu'je m'lève", les deux
premiers "il faut qu'j'me lève" mais là encore ça conduit à
modifier, à amalgamer les premières consonnes.

E.LATTANZIO : Il vaut mieux entendre ça que d'être sourd!

Y.AMAR : C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le
Centre National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.