SE FAIRE
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
Y. AMAR : Je me suis fait tout petit devant une poupée ... Vous vous rappelez Brassens ... Mais pourquoi "se faire" ? E. LATTANZIO : Apparemment, c'est tout à fait logique : "se faire", c'est "se transformer". Il n'y a qu'à décomposer l'expression. Y. AMAR : Soudain, ce méchant homme s'est fait mielleux ! C'est pareil : il est devenu mielleux, il a transformé son attitude. E. LATTANZIO : ... ou sa fonction : si je me fais l'interprète de nos camarades, je prends la parole en leur nom, alors qu'à l'ordinaire, je ne suis pas délégué syndical. Y. AMAR : Cette tournure existe dans des expressions toutes faites : elle se fait belle pour aller danser. Ou, dans Pagnol : "Panisse, comme tu te fais rare!" E. LATTANZIO : Ou quelqu'un qui se fait vieux... ou même, plus impersonnel : il se fait tard. C'est-à-dire : l'heure tourne, il est tard ... Y. AMAR : La volonté du sujet n'est donc pas toujours à l'oeuvre. E. LATTANZIO : "Se faire" peut se construire avec un adjectif mais aussi avec un verbe à l'infinitif : l'orateur s'est fait huer, ou s'est fait élire, ou s'est fait désirer - il s'est fait attendre - C'est l'équivalent d'un passif. Y. AMAR : Il s'est fait élire = il a été élu - avec l'idée qu'il fait tout pour ça. E. LATTANZIO : Attention au problème d'accord : dit-on "elle s'est fait" ou "elle s'est faite"? Si le sens est actif, on accorde : elle s'est faite belle. Si le sens est passif, on n'accorde pas : elle s'est fait désirer. Y. AMAR : "Se faire" est parfois suivi d'un complément dans des expressions toutes faites : se faire une joie de quelque chose. Mais surtout, se faire de la bile, du mauvais sang, des cheveux blancs. C'est à dire s'inquiéter. Tout ça est parfois résumé par le pronom "en" : s'en faire. E. LATTANZIO : Et pourtant "dans la vie, faut pas s'en faire !". Y. AMAR : C'était "Parler au quotidien", une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E. LATTANZIO : ... Et par Radio France International.