CA PASSE OU CA CASSE
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
E.LATTANZIO : "Ca passe ou ça casse !", une expression beaucoup entendue en décembre 95. Y.AMAR : Avant aussi : je répare un moteur, il me manque la vis qui tenait l'ensemble et j'essaie avec une autre, un peu plus grosse. Je cours un risque : ça passe ou ça casse, ça tient ou j'abime tout définitivement. On est dans une logique du tout ou rien. E.LATTANZIO : Comme la logique de ces grèves du mois de décembre : les négociations étaient dures à entamer, chacun voulait dire "ça passe ou ça casse". L'expression a une allure de slogan ... Y.AMAR : ... Et ce qui assure son succès, c'est la rime intérieure. Mais l'image est également intéressante : quand ça passe, c'est tout juste ... il s'en faut d'un cheveu ... mais lorsqu'on est passé, tout va bien. E.LATTANZIO : L'expression "ça passe" manque souvent d'enthousiasme. Un professeur qui dit "ça passe" fait presque la moue : ça passe mais tout juste, c'est passable. Y.AMAR : L'idée contenue dans "ça casse" est différente. On peut la comparer à "ça coince", mais dans cette dernière phrase, on n'a pas l'idée du quitte ou double. Si ça coince (une voiture qui manoeuvre par exemple) on s'arrête, on recule, on braque ... puis ça passe. E.LATTANZIO : Si l'on dit "ça passe ou ça casse" on joue son va-tout, on passe en force parfois. Il s'agit de bousculer l'adversaire et l'image est empruntée au monde sportif. Y.AMAR : C'est un terme de basket-ball ou de hand-ball, au départ : on se fraye un chemin, on s'impose physiquement, on intimide, on essaie de créer une faute chez l'adversaire. E.LATTANZIO : Seulement c'est une faute de jeu et donc un risque que l'on prend si l'arbitre s'en aperçoit : on joue son va-tout, ça passe ou ça casse. Y.AMAR : C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.