ANARCHIE
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
Y.AMAR : Pendant la récente grève du mois de décembre, on a vu beaucoup de piétons dans les rues, beaucoup de voitures et même beaucoup de voitures garées n'importe où : au milieu des rues, sur les trottoirs, devant des portes cochères. Certains jours, la situation était assez "anarchique". E.LATTANZIO : "Anarchique", c'est le mot! Un mot d'ailleurs dérivé d'"anarchie", qui lui-même vient du grec. On y retrouve la racine "-arché", le pouvoir, précédé du préfixe "an", qu'on dit privatif et qui exprime la négation. L'anarchie c'est donc l'absence de pouvoir. Y.AMAR : Le mot a dérivé bien sûr. Et aujourd'hui, anarchie évoque le désordre. Deux sens prévalent donc nettement : absence d'autorité et absence d'ordre. E.LATTANZIO : Un pays sans gouvernement fixe, une classe sans professeur sont souvent livrés à l'anarchie. Y.AMAR : Mais ça, c'est l'anarchie au petit pied. Le mot a des sens beaucoup plus nobles ou beaucoup plus politiques : à partir du 19ème siècle l'anarchie était synonyme d'un certain ordre naturel auquel on croyait. Les anarchistes prônaient un ordre social libéré de toute contrainte. Ni Dieu, ni maître. E.LATTANZIO : C'est une belle utopie, une conception du monde qui repose sur une certaine confiance et qui a ses théoriciens : Kropotkine, Bakounine, etc ... Y.AMAR : ... Et Proudhon en France. A la fin du 19ème siècle, il y a eu en France une vague d'attentats, par exemple l'assassinat de Sadi Carnot. C'était l'époque mythique de l'anarchiste aux yeux bleus qui prétendait préférer se faire sauter avec sa bombe que de blesser un innocent. E.LATTANZIO : Quant au drapeau noir, emblème des anarchistes, on raconte que c'est un souvenir du jupon noir de Louise Michel, qui l'avait fixé à un bâton, pour en faire un drapeau improvisé. Y.AMAR : On parle encore des anarchistes aujourd'hui et plus encore des "anars", en abrégeant. Mais cette abréviation ne désigne pas, le plus souvent, des militants politiques : bien plus, ce sont des gens qui se méfient de toute convention et de tout conformisme. On peut penser à deux chanteurs célèbres : Léo Ferré et Georges Brassens. C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATATNZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.