RISQUER

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E.LATTANZIO : Dites-moi, si l'équipe d'Auxerre continue à jouer
comme ça, ils "risquent" fort de gagner le championnat ...

Y.AMAR : C'est vrai qu'ils sont excellents cette saison. Mais
pourquoi "risquent"-ils quelque chose ? A priori, on ne parle de
risque que lorsque se profile un événement qu'on craint. On peut
dire "Auxerre risque de perdre". Mais pourquoi de gagner ... C'est
un abus de langage.

E.LATTANZIO : Cet abus s'explique : il n'existe pas de verbe
simple et court qui soit symétrique de risquer. Il faudrait dire
"l'équipe a de bonnes chances de gagner ..."

Y.AMAR : Mais attention, on peut parfois utiliser sans offenser la
langue française ce verbe "risquer" avec un sens plein d'espoir.
Nous sommes au champ de courses, j'ai tout misé sur Furaxio. Je ne
dois donc pas dire : "Furaxio risque de gagner". Mais si, à
l'inverse, j'ai misé ma chemise sur Haut les Mains III, je dirai,
avec une angoisse dans la voix, mais de façon irréprochable que
Furaxio risque de gagner.

E.LATTANZIO : Le sens de risquer s'est quand même affaibli et il
peut être employé de façon très neutre : "on a interrogé tous ceux
qui risquaient d'avoir remarqué un indice." Risque, ici, est
synonyme "d'avoir une probabilité."

Ce mot provient du bas latin "resecum", ce qui coupe, le récif. Le
risque, c'est donc au premier sens, le péril de la mer.

Y.AMAR : Mais pourtant tous les linguistes ne sont pas d'accord
là-dessus puisque Pierre Guiraud, dans un français admirable,
remarque, et c'est cité par Alain Rey, qu'il n'y a pas le
commencement d'une preuve à ce roman nautique". C'était Parler au
Quotidien, une émission proposée par le Centre National de
Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.