PROFILE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Y.AMAR : Parfum de scandale ... Un député doit s'expliquer
publiquement ... Et bien je suis déçu : il n'a pas dit grand
chose. Il s'est fait tout petit : il a adopté un profil bas.

E.LATTANZIO : Il veut se faire oublier, il ne le prend pas "de
haut". Cela s'opposerait au "profil bas". Haut, bas ... la
symétrie est parfaite et l'image fonctionne.

Y.AMAR : Cette image et cette expression, "profil bas" sont à la
mode, notamment dans le vocabulaire journalistique. Pourtant le
mot "profil", lui, est ancien. Il dérive du mot "fil", dont l'un
des premiers sens est la bordure, le contour. Au sens propre, le
profil est le contour d'un objet ...

E.LATTANZIO : ... Mais le contour vu de côté. Cela s'oppose à la
"vue de face".

Y.AMAR : Mais pas dans tous les cas de figure : on voit une maison
de face, mais pas de profil : on la voit de côté. Parce que
l'important, c'est sa masse, pas son contour. Par contre, on peut
parler du profil d'un bateau : l'important, c'est sa découpe. Si
cette découpe est élégante on parlera même d'un navire bien
profilé.

E.LATTANZIO : Mais le "profil" s'applique d'abord à la personne
humaine : c'est le visage vu de côté.

Y.AMAR : Le visage seulement : pour l'ensemble de la personne, on
parlera de silhouette.

E.LATTANZIO : Silhouette ? Au départ un nom propre, celui d'un
ministre des finances d'Ancien Régime. Il a laissé son nom,
peut-être parce qu'il aimait à dessiner, à croquer des personnages
vus à contre-jour ... enfin, ce n'est même pas sûr.

Y.AMAR : En tout cas, "silhouette" n'a pas de sens figuré ... Et
"profil" en a : on cherche à engager quelqu'un et on se renseigne
sur son profil : Dupont ? Une licence de lettres, Sciences Po., il
parle anglais, il a travaillé pendant cinq ans chez Smith et
Durand ... C'est ça son profil : ses études, sa carrière et
parfois son style. C'était Parler au Quotidien, une émission
proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.
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