VOYOU

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Y.AMAR : "Sale petit voyou! Si jamais je t'attrape ... tu vas
voir!" On voit bien que ce mot de voyou, sans être argotique, est
familier et qu'en général, celui qui l'emploie ne se sent pas
lui-même être voyou.

E.LATTANZIO : La terminaison en "-ou" n'est pas si fréquente.
Peut-être est-ce l'influence de "filou" ou de "canaillou". Il
s'agit d'un gamin mal élevé, mais aussi, de plus en plus souvent,
d'un délinquant tout court, même s'il a un âge respectable.

Y.AMAR : Mais au départ, vers 1830, il désigne plutôt un vagabond
et très vite un personnage douteux ... Le mot est formé sur le mot
"voie" : il s'agit de quelqu'un qui vit "dans la rue", en tout cas
sans adresse précise.

E.LATTANZIO : D'ailleurs bien souvent les gens "sans domicile
fixe" font peur et sont mal vus ... Pensez aux bandits de grands
chemins ... Si l'on parle de gosse des rues, d'enfant des rues,
cela n'implique pas forcément la malhonnêteté ... mais on pense à
un gosse qui s'élève tout seul, qui traîne...

Y.AMAR : Mais on le représente également comme autonome,
débrouillard. Ainsi le "poulbot" de Montmartre, qui doit son nom à
un peintre montmartrois, Francisque Poulbot, qui aimait à les
peindre et à les dessiner.

E.LATTANZIO : Tous n'étaient pas "élevés dans le ruisseau", cette
expression est elle-même très nettement péjorative. Ce ruisseau,
c'était en fait un caniveau central, dans le vieux Paris, qui
charriait ordures et détritus.

Y.AMAR : "Tirer quelqu'un du ruisseau" c'était donc, et c'est
toujours, faire la fortune d'un personnage d'origine fort modeste.
C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre
National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.