EPICE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E.LATTANZIO : Aimez-vous le jus de tomate très épicé ?

Y.AMAR : Vous voulez dire avec beaucoup de tabasco ?
Raisonnablement. Il ne faut pas que ce soit trop fort, trop
relevé, trop épicé ... Trois adjectifs au sens voisin. Les
nourritures orientales ont souvent cette réputation d'être
"épicées". Dès le 12ème siècle, le mot "épice" désignait des
aromates qui venaient de loin.

E.LATTANZIO : Aujourd'hui les épices existent encore et encore
avec un parfum oriental : les épices viennent de loin. La
ciboulette qu'on cueille au fond du jardin ou l'estragon ... ce
sont tout juste des fines herbes.

Y.AMAR : L'étymologie d'épice est amusante : épice est de la même
racine que "espèce", cela vient du latin "species", l'apparence,
l'aspect. Donc les épices sont des marchandises qu'on va classer
par espèce ... donc ranger ensemble.

E.LATTANZIO : Les épices étaient donc des aromates ... à bien
ranger, mais aussi pendant longtemps des friandises : songez
encore aujourd'hui au pain d'épices.

Y.AMAR : Et certains avaient pris l'habitude de faire cadeau aux
juges de quelques épices, pour s'assurer leur bienveillance, lors
des procès. Par extension, on disait, jusqu'au 17ème siècle,
"épicer" un procès, pour dire "en fixer les frais".

E.LATTANZIO : Et à la même époque, "une fine épice", c'était un
homme rusé, habile, parfois un peu fourbe.

Y.AMAR : Maintenant l'"épicier" c'est un commerçant ... souvent
une sorte de droguiste qui vend des épices, des produits divers.
Et donc c'est un "petit" commerce qu'il tient. L'esprit de
l'épicier a parfois été méchamment ramené à la petitesse de son
commerce et le mot a pris des valeurs péjoratives : esprit étroit,
sans envergure, sans générosité.

E.LATTANZIO : Les comptes d'épicier, dans ce sens, ont le même
écho que les comptes d'apothicaire.

Y.AMAR : C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le
Centre National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.