VALISE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E.LATTANZIO : Georges Marchais, ancien secrétaire général du Parti
Communiste, prend sa retraite. Dira-t-on qu'il "fait ses valises"
?

Y.AMAR : Pas vraiment ...mais on le pourrait. En revanche, Georges
Marchais s'était fait remarquer à propos de valises en déclarant
qu'il avait subitement décidé d'abréger ses vacances, un jour que
le Programme Commun de la gauche avait été menacé : "Liliane, fais
les valises! On rentre!" se serait-il écrié, en s'adressant à sa
compagne. Cette façon un peu rude de donner des ordres à une femme
avait d'ailleurs été épinglée à l'époque. Mais en tout cas, on
voit bien que la valise est ici associée au départ.

E.LATTANZIO : Certains emplois sont d'ailleurs douloureux. "La
valise ou le cercueil", au moment de la guerre d'Algérie, c'était
une formule du FLN à l'intention des colons français.

Y.AMAR : A l'inverse, "défaire ses valises", c'est décider de
rester un certain temps dans la même situation, le plus souvent on
emploie l'expression à la négative : il a vécu six mois à Paris,
mais il savait tellement que c'était provisoire qu'il n'a même pas
défait ses valises. On dit aussi qu'il n'avait pas "posé" ses
valises.

E.LATTANZIO : Quand on parle de valise, on pense souvent aussi à
son contenu. Et la plus mystérieuse est bien la valise
diplomatique. On y met le courrier des diplomates et la valise
n'est pas ouverte à la douane.

Y.AMAR : Cette valise n'est pas, on le suppose, pleine de billets!
Mais les "valises de billets" évoquent ce qu'a été le financement
occulte des partis politiques, en général par de grandes
entreprises ... ce qui explique l'allusion récente du Garde des
Sceaux qui accusait un précédent gouvernement d'avoir négocié avec
des organisations secrètes corses, "à valises de billets ouvertes"
... C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le
Centre National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.