QUE
Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio
E.LATTANZIO : Avec la viande froide, j'aime bien la moutarde, que ma soeur, elle préfère nettement le ketchup. Y.AMAR : Comment, comment ? Ce goût vous honore, mais votre phrase est catastrophique. Vous auriez pu dire : "J'aime la moutarde alors que ma soeur préfère le ketchup." En effet, ce "que" avec un sens de circonstance sous-entend la première partie de la conjonction. Que = alors que, c'est incorrect. E.LATTANZIO : Et pourtant, "que" tout seul peut avoir, correctement, une valeur de conjonction : "Viens que je t'embrasse". Y.AMAR : Que = pour que, en français d'aujourd'hui, est accepté. "Que" peut donc exprimer le but, mais pas l'opposition. E.LATTANZIO : "Que" ne peut non plus exprimer la cause : "Allume, que je (ne) vois pas clair", dans le sens "parce que je ne vois pas clair", est incorrect. Y.AMAR : Dans la langue ancienne, "que" était souvent employé avec un sens de circonstances. C'est encore correct, mais très écrit et très littéraire : "Un malheur n'arrive jamais qu'un autre ne surgisse". C'est-à-dire "sans qu'un autre ne surgisse". Admirable français, mais vieilli. Cela équivaut à "sans qu'un autre ne surgisse". E.LATTANZIO : Autre exemple : "Votre nièce serait-elle souffrante, qu'elle ne vous a pas accompagné ?" Mais écoutez ceci : "Quand il est plongé dans Les Trois Mousquetaires, on lui volerait sa chemise qu'il ne s'en apercevrait pas". Y.AMAR : C'est-à-dire : "Même si on lui volait sa chemise ..." La circonstance de condition porte là sur la proposition principale. C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le Centre National de Documentation Pédagogique ... E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.