BATON

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E.LATTANZIO :  A l'occasion de l'un des derniers voyages du
Président Chirac, la presse a dit qu'il avait repris son "bâton de
pèlerin".

Y.AMAR :  L'expression renvoie aux anciens pèlerinages,
spécialement à celui de Compostelle. Et les pèlerins de
Compostelle avaient un certain nombre d'emblèmes, de signes qui
permettaient de les identifier :  le chapeau orné d'une coquille
Saint-Jacques, le manteau et le bâton de marche. En même temps,
l'idée du pèlerinage évoque un voyage lent, qui explore chaque
détour de la route. Cela implique donc que le Président connaîtra
bien les français.

E.LATTANZIO :  Ce bâton, on le prend, ou on le reprend,
c'est-à-dire qu'on renoue avec une vieille habitude, une
tradition. Rien à voir avec le "retour de bâton", autre expression
qui évoque un contrecoup.  L'expression est issue d'un croisement.
Elle se rappelle une ancienne tournure : "le tour de bâton", qui
signifiait profit illégal et secret. Et le "retour de manivelle"
est une autre expression, dont le sens est évident pour tous ceux
qui ont fait démarrer des voitures à la manivelle.  Elle revient
très fort en sens inverse et ce peut être assez dangereux. Ce
retour de manivelle ou retour de bâton est donc la réaction
brusque et imprimé dans la direction opposée à celle qui était
prise au départ.

Y.AMAR : Rien à voir non plus avec le "bâton de chaise". On trouve
cette locution lorsqu'on parle de quelqu'un qui mène une vie
dissolue,dissipée.Une vie de bâton de chaise ... à cause
probablement des chaises à porteur.  Les bâtons qui les
maintenaient passaient pour avoir une existence agitée, d'autant
qu'ils étaient entre les mains de laquais qui passaient pour
débauchés.

E.LATTANZIO :  Terminons avec un drôle de mot, "baston", dont le
"s" évoque la langue classique et qui pourtant appartient
aujourd'hui à l'argot des banlieues : une baston, c'est une
bagarre, une rixe.

Y.AMAR : C'était Parler au Quotidien, une émission proposée par le
Centre National de Documentation Pédagogique ...

E.LATTANZIO : ... Et par RADIO FRANCE INTERNATIONALE.