TERRITOIRE

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

Y.AMAR : L'actualité israélienne fait que l'on parle beaucoup des
"territoires" sans préciser (la tension monte dans les
territoires, incidents dans les territoires, etc ...). C'est bien
sûr un raccourci, mais on a l'impression que tout le monde
comprend. Mais comprend quoi au juste ?

E.LATTANZIO : Il s'agit des territoires occupés par l'armée
israélienne lors de la Guerre des Six Jours, en 1967, territoires
qui depuis ont un statut problématique : la Cisjordanie au nord et
la bande de Gaza au sud-ouest (le plateau du Golan a été annexé en
81).

Y.AMAR : On les a d'abord appelés "territoires occupés" puis
"territoires autonomes" depuis les accords de Washington, en
septembre 93. En tout cas, ça s'oppose à l'entité étatique
israélienne qu'on appelle l'Etat d'Israël (ou l'Etat hébreu, ou
l'Etat juif, en tout cas on insiste beaucoup sur cette cohésion).

E.LATTANZIO : Territoire est un mot souvent ambigu. Il peut être
précis et administratif : le territoire français, l'aménagement du
territoire. Mais bien souvent ça concerne des régions au statut un
peu particulier : TOM, territoire d'outre-mer (Polynésie,
Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, Saint-Pierre et Miquelon).

Y.AMAR : Ces régions sont bien françaises, mais elles échappent à
la règle commune.

E.LATTANZIO : Parfois, le territoire est une zone qui bénéficie
d'une certaine autonomie par rapport à l'autorité de tutelle :
Pondichéry, territoire autonome de l'Union Indienne.

Y.AMAR : Le mot n'implique nullement que la région en question
échappe à toute administration, bien que ça puisse arriver. Des
territoires inexplorés, on n'est pas loin de "zone". On passe là
d'un vocabulaire géopolitique à un vocabulaire géographique. Mais
de façon plus générale, le mot désigne l'espace où on est chez
soi. On parle du territoire d'un ours comme de celui d'un juge. Et
là, il s'agit des limites de sa juridiction.