SAS et NO MAN's LAND

Par: Yvan Amar et Evelyne Lattanzio

E.LATTANZIO : Erez est le nom du lieu où, récemment, se sont
rencontrés Israéliens, Palestiniens et Américains pour tenter de
sauvegarder le processus de paix au Proche-Orient.

Y.AMAR : Mais Erez n'est pas exactement une frontière, plutôt un
simple point de contact entre l'état d'Israël et la bande de Gaza.
Malgré tout, ce point représente quelques centaines de mètres
entre les positions des soldats israéliens et celles des gendarmes
palestiniens.

E.LATTANZIO : Et la presse récente, à propos d'Erez, a parlé de
"sas", drôle de mot, bien français pourtant malgré son orthographe
et sa prononciation inhabituelles.

Y.AMAR : Ça vient du latin "sactacium", un tamis en soie de porc
(sacta) ou en crin de cheval, pour passer la farine.

E.LATTANZIO : Grâce à cette idée de filtrage, on utilise ainsi
l'expression pour désigner la partie d'un canal situé entre deux
portes d'écluse : ça se remplit et ça se vide. En gros ça désigne
aujourd'hui un espace intermédiaire entre deux niveaux différents.

Y.AMAR : On parle aussi de "no man's land". Le "no man's land",
expression anglaise utilisée telle quelle n'est pas vraiment un
anglicisme. En anglais, l'expression date du XIVème siècle et
désignait à l'époque un lieu d'exécution situé au nord de
l'enceinte de la ville de Londres, lieu macabre qui, par décision
d'une juridiction humaine, échappait à cette juridiction humaine,
tout en se situant à son aboutissement, entre Dieu et les hommes.

E.LATTANZIO : Le "no man's land" est passé en français durant la
Première Guerre Mondiale, pour désigner l'espace situé entre les
deux lignes ennemies, et qui donc n'était contrôlé ni par les uns
ni par les autres. Aujourd'hui, l'expression renvoie à une zone
abandonnée, sans usage précis, et en général en pleine
déréliction.