DIFFAMATION
Par: (pas credité)
Y.AMAR : Aujourd'hui et demain s'ouvrent plusieurs procès en
diffamation. Xavier Dugoin par exemple a porté plainte contre
Jean-Loup Englander qui aurait dit de lui qu'il a détourné de
l'argent public. De même, Le Pen s'estime diffamé par Guy
Konopnicki dans son livre "Les filières noires" et en particulier
le chapitre consacré aux soutiens à l'Irak pendant la guerre du
Golfe.
E.LATTANZIO : Il y a procès. on voit par là que la "diffamation"
est un délit, réprimé par la loi. Le vocabulaire juridique
d'ailleurs décline toute une série de mots autour de cette idée :
la diffamation consiste à diffamer quelqu'un en tenant sur lui des
propos diffamatoires.
Y.AMAR : Mais on n'a toujours pas expliqué ce que c'est
précisément. Diffamation : "toute allégation ou imputation d'un
fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération de la
personne ou du corps auquel le fait est imputé".
E.LATTANZIO : C'est clair : la diffamation est une question
d'honneur, c'est le fait d'insulter l'honneur de quelqu'un par des
propos publics. On voit la différence avec la "calomnie". La
diffamation ne se place pas a priori sur le terrain de la vérité
ou du mensonge. En ce sens, le mot reste assez proche de son
origine étymologique : "fama" = réputation en latin. Bonne
occasion pour faire un tour d'horizon du destin de cette racine
"fama".
Y.AMAR : On la trouve dans plusieurs mots ou expressions
françaises qui sont tout-à-fait négatives, même si le lien à
l'idée d'honneur se perd peu à peu. "Infâme" et "infamie"
(=étymologiquement, sans honneur) sont encore des mots très forts
qui expriment une idée de bassesse et de honte : le trafic
triangulaire (commerce d'esclaves) était une opération infâme.
Mais l'adjectif infâme est souvent employé de façon affaiblie :
cette soupe est infâme (noter l'influence d'infect, voire
d'immonde, mots qui commencent par le même préfixe).
E.LATTANZIO : L'expression "bien famé" n'est plus en usage, mais
"mal famé" est encore très courant, mais avec un léger glissement
de sens : ça veut dire mal fréquenté et toujours pour parler d'un
lieu (un café, un quartier ...).
Y.AMAR : Par contre il existe un adjectif, très courant aussi, et
tout-à-fait positif : "fameux". Mais attention, son sens s'est
souvent affadi. On parle encore d'une "fameuse soirée", d'un
"fameux discours" (de De Gaulle au Québec, quand il a dit "Vive le
Québec libre!").
E.LATTANZIO : Là on a bien le sens de "célèbre, dont on se
souvient", on est bien dans le droit fil de l'étymologie. Mais on
dit aussi très couramment : "ce foie gras, il est fameux!" et tout
spécialement dans un contexte gastronomique.