ACADEMIE
Par: (pas credité)
E.LATTANZIO : Aujourd'hui est prévue une élection à l'Académie
française, au fauteuil antérieurement occupé par J.L. Curtis.
L'Académie, au départ, c'est ce jardin d'Athènes où Platon
dispensait son enseignement. L'établissement devait lui survivre
largement, et véhiculer la pensée du maître, largement remaniée
par ses successeurs jusqu'à l'époque chrétienne de l'empire
romain.
Y.AMAR : En Italie, dans la seconde moitié du XVème siècle, le mot
est réutilisé pour désigner des cercles de gens lettrés,
d'humanistes, qui sont à la pointe de la recherche et véhiculent
les idées nouvelles.
E.LATTANZIO : La mode des académies se répand dans toute l'Europe
à partir du XVIème siècle (date d'apparition du mot français),
elles forment de véritables universités parallèles, mais
d'avant-garde (à l'inverse du sens du mot aujourd'hui).
Y.AMAR : Mais comme en Italie, les académies sont récupérées par
le pouvoir politique qui les institutionnalise. En France, c'est
la création de l'Académie française à l'initiative de Richelieu,
grand centralisateur, en 1635. A l'origine, seuls les hommes y
sont admis, d'où le fait que le mot "académicien" ne s'emploiera
qu'au masculin jusqu'à l'élection de Marguerite Yourcenar,
première femme "académicienne"! Il existera des académies un peu
partout en province dans divers domaines, notamment les
belles-lettres. Aujourd'hui encore, l'Institut de France regroupe
cinq académies (dont l'Académie française) fondées à diverses
époques, entre Richelieu et la Révolution.
E.LATTANZIO : Le mot en est venu à désigner par extension un lieu
où l'on apprend, et où l'on pratique un art, un sport : une
académie de billard, de danse, etc ... et il désigne aussi une
subdivision universitaire en France, qui a à sa tête un recteur.
Y.AMAR : Dans une acception particulière, il désigne en art une
figure dessinée d'après un modèle vivant et nu. D'où l'usage
familier et plaisant pour désigner un corps nu : ce monsieur ou
cette dame a une "belle académie" = un beau corps (nu).
E.LATTANZIO : L'adjectif académique a conservé lui aussi l'idée de
modèle, d'imitation, comme le dérivé "académisme". Dans les deux
cas, il s'agit de dénoncer l'imitation sans originalité de modèles
officiels. "Un style académique, une peinture académique" n'ont
rien de piquant.