PRET-A-PORTER

Par: (pas credité)


E.LATTANZIO : Le Salon du prêt-à-porter s'ouvre aujourd'hui.
L'expression née au début des années cinquante désignait une forme
nouvelle de confection (vêtements), traduction de l'anglais "ready
to wear".

Y.AMAR : Elle s'opposait à "sur mesure" qui désignait une
confection traditionnelle dans laquelle le tailleur coupait le
vêtement aux mensurations exactes du client. En même temps le
prêt-à-porter gardait une qualité supérieure, différente des
produits courants et revenait moins cher puisqu'on pouvait
fabriquer en série et non à l'unité comme dans la confection sur
mesure.

E.LATTANZIO : L'expression indique clairement en outre l'avantage
que le client pouvait retirer : le vêtement était disponible tout
de suite, il n'était plus nécessaire d'attendre qu'il soit
confectionné. Ceci explique que l'expression soit devenue féconde
en imitations : l'idée de "prêt-à" suggérant presque toujours le
gain de temps et la facilité de l'opération.

Y.AMAR : L'expression ayant bien réussi, ses emplois se sont
parfois faits au sens figuré, dans l'acception de "produit fini,
utilisable immédiatement". On peut rapprocher (sans le confondre)
cet usage de celui de l'expression "clés en main" qui, issue de
l'automobile, en est venue à désigner toute livraison d'un produit
prêt à l'utilisation.

E.LATTANZIO : Sur le modèle de prêt-à-porter on a vu fleurir des
expressions similaires : "prêt-à-partir", slogan d'un voyagiste.

Y.AMAR : L'affreux "prêt-à-manger" qui a tenté de s'imposer sans
succès contre l'anglais "fast food" et a été supplanté plus ou
moins par "restauration rapide".

E.LATTANZIO : "Prêt-à-consommer, à servir, à cuire" : expressions
fréquemment utilisées par les fabricants de produits déjà cuisinés
pour indiquer aux consommateurs qu'ils n'ont plus rien (ou
presque) à faire.

Y.AMAR : De façon plus générale, dans un usage moins figé, mais
très fréquent : "prêt à l'emploi" pour tous les produits qui
nécessitent une préparation, parfois complexe (colle, peinture,
revêtements, etc ...) dont on indique à l'usager qu'elle lui a été
épargnée et qu'il n'a plus qu'à utiliser le produit "pré-préparé"

E.LATTANZIO : Appellation ironique intéressante : dans les années
80, l'expression "prêt-à-penser", servant à désigner des lieux
communs à la mode, des idées dans l'air du temps, véhiculées par
les médias, reprises par les particuliers, mais n'ayant pas reçu
une véritable élaboration intellectuelle par celui qui les
véhiculait. On parle aujourd'hui pour un phénomène assez similaire
de "pensée unique", sur le modèle de monnaie unique.