PARQUET et INNOCENCE

Par: (pas credité)


Y.AMAR : Le Président Chirac veut réformer la justice. Il a mis
l'accent sur trois points : l'indépendance de l'autorité
judiciaire, le respect de la présomption d'innocence, la
modernisation de la justice.

E.LATTANZIO : Le premier point a des aspects linguistiques
immédiatement intéressants : l'indépendance qu'il faut examiner
c'est celle du Ministère public, ce qu'on appelle aussi le
"Parquet" ou la "magistrature debout".

Y.AMAR : Or ces magistrats du Parquet -"debout"- se différencient
des magistrats du "siège", la "magistrature assise". Quelle est
cette différence ?

E.LATTANZIO : Les magistrats du Siège instruisent et jugent, ils
rendent des ordonnances, des jugements, des arrêts. Ils sont juges
et présidents de tribunal.

Y.AMAR : Les magistrats du Parquet engagent les poursuites,
recquièrent les peines, ils sont procureurs ou substituts.

E.LATTANZIO : D'où vient cette bizarre différence debout/assis ?
Parquet/Siège ? A l'origine, au 14ème siècle, les magistrats du
ministère public, les "gens du roi" se tenaient dans un "parc",
c'est-à-dire une partie de la salle d'audience qu'on appelait
ainsi (1366, première attestation).

Y.AMAR : L'expression "magistrature debout" est bien plus tardive
(1840) et vient du fait que les magistrats du Parquet prenaient la
parole debout. Mais bien sûr le sens moderne de parquet (planche
de bois) a plus ou moins joué, alors même que ce sens n'existait
pas au 14ème siècle lorsqu'on a commencé à parler de Parquet. Il
semble donc logique qu'on soit debout sur le Parquet, alors qu'il
est logique d'être assis sur un Siège.

E.LATTANZIO : Et le Siège étant depuis le 13ème siècle le nom qui
désigne la place où le juge s'assied et par conséquent étant
l'image de son autorité.