CORRUPTION

Par: (pas credité)


Y.AMAR : Dieu sait si l'on parle en ce moment de "corruption". Et
à tous les niveaux. Aujourd'hui par exemple s'ouvre le procès de
ce routier qu'on accuse d'avoir voulu corrompre un gendarme, pour
éviter que celui-ci ne lui dresse un procès-verbal. C'est
certainement l'un des procès pour corruption dont l'enjeu est le
moins grave. Bien sûr, c'est un délit, mais baste! A l'heure
actuelle on voit pire.

E.LATTANZIO : Qu'est-ce donc que la corruption ? Le fait, par des
promesses, des avantages ou des dons, d'amener quelqu'un à faire
ou à ne pas faire quelque chose. Dans le cas qui nous intéresse,
amener le gendarme à "fermer les yeux". L'affaire est donc
délictueuse ou criminelle (selon les cas) et les coupables peuvent
être accusés soit de "corruption active" (lorsqu'ils corrompent)
soit de "corruption passive" (lorsqu'ils se laissent corrompre).

Y.AMAR : Dans la même famille que corruption, on trouve donc le
verbe "corrompre", qui a quelques synonymes littéraires et peu
employés - soudoyer, circonvenir, stipendier - et un synonyme
courant et imprécis : "acheter" (acheter les jurés, le juge ou le
commissaire).

E.LATTANZIO : De celui qui s'est laissé corrompre, on pourra dire
qu'il a été "acheté" ou à l'inverse "vendu". Ce dernier mot
s'utilise parfois comme un nom commun, à valeur injurieuse
("Vendu!").

Y.AMAR : Mais le participe passé de corrompre, "corrompu" a un
sens large : il peut qualifier des gens malhonnêtes ou un régime
malsain. Quant à celui qu'on ne peut corrompre, il est
"incorruptible", mot qui doit son succès à Robespierre et à Eliott
Ness.

E.LATTANZIO : Le sens premier de corrompre est synonyme de
"pourrir" : on dit d'un fruit qui s'altère à cause de la chaleur,
qu'il pourrit ou qu'il se corrompt. Inversement, le sens dérivé de
corrompre, qu'on vient d'expliquer, a déteint sur pourrir.

Y.AMAR : D'ailleurs, dans une spécialisation familière et récente,
on a retourné le participe passé "pourri" qui est devenu "ripoux",
cédant à la mode du verlan. Le mot a un sens précis : il s'agit de
policiers corrompus, et le film qui a pris ce titre a fait
beaucoup pour répandre le terme. Preuve que le mot a conquis son
autonomie, son orthographe, avec son "x" final, au singulier comme
au pluriel.