OPTIMISER - MAXIMUM

Par: (pas credité)


Y.AMAR : "Il faut optimiser notre collaboration !" dit le patron à
sa secrétaire, pardon, son assistante... "Désormais vous trierez
le courrier le matin avant que j'arrive, et d'autre part, vous
assisterez à notre réunion quotidienne à 18 heures". Comme ça, au
moins, il est sûr que Suzy travaille tôt le matin et tard en fin
d'après-midi. Il veut "optimiser" son travail, le rendre le plus
efficace possible.

E.LATTANZIO : Le mot traduit un souci de pragmatisme et
d'organisation. Il n'est donc pas étonnant qu'il fleurisse dans
des milieux ou des situations dont le Sésame est la rentabilité :
c'est le jargon des affaires et de l'économie, l'argot du
tertiaire. Optimiser s'entend à partir des années 60, époque à
laquelle ce jargon des affaires se développe, se dore de l'éclat
de la prospérité et s'américanise.

Y.AMAR : Le mot est en effet un anglicisme. C'est-à-dire pour être
plus précis que l'anglais a forgé ce terme sur une racine latine
(optimus = excellent, très bon), vers le milieu du XIXème siècle,
que le mot a été particulièrement en faveur en Amérique, et que
c'est de là qu'il nous est revenu.

E.LATTANZIO : Avec un sens d'abord technique : optimiser une
chaîne de production, un système informatique, puis économique et
financier : optimiser des investissements, des opérations
boursières.

Y.AMAR : Comme le mot est relativement à la mode, même si son
usage est assez restreint et ne s'aventure pas hors d'une certaine
catégorie de locuteurs, on l'entend de plus en plus dans des sens
figurés ou étendus : il optimise ses déplacements en travaillant
dans le train sur son ordinateur portable (= il tire un avantage
inattendu d'une situation contraignante). Il a optimisé son
divorce en obtenant la garde de ses enfants, pour les impôts,
c'est plus intéressant...
Optimiser n'est pas le seul mot à la mode qui dérive d'un
superlatif latin : on avait, à côté d'optimus (= très bon), maximum
(= très grand), et on utilise bien sûr en français "maximum" qui
appartient à la langue courante : c'est le maximum que je puisse
faire pour vous = je ne peux rien faire de plus.

E.LATTANZIO : On peut utiliser le mot de façon très administrative
: le maximum de service = le plus grand nombre d'heures de travail
que puisse faire un salarié. D'ailleurs, cette utilisation
administrative est souvent liée à quelques particularités et
purismes : le pluriel latin, des "maxima" de service (sans "s"
évidemment). Mais depuis longtemps, on dit aussi des "maximums" et
l'Académie Française même admet les deux formes.

Y.AMAR : L'adjectif recommandé est "maximal" mais on emploie
souvent "maximum" : une vitesse maximale ou maximum (cette
dernière forme est invariable).

E.LATTANZIO : Maximum est d'un emploi souple et intéressant dans
la langue d'aujourd'hui, comme c'est un superlatif on s'attend à
ce qu'il soit précédé de l'article "le" : le plus grand nombre, la
plus grande quantité, donc le maximum. Bizarrement, il est souvent
précédé de "un" : dans un langage tout à fait admis, on dira :
"1 000 francs pour cette chaise, c'est un maximum, un grand
maximum" (voyez comme ça se module !).

Y.AMAR : Et dans une langue plus familière, on entend : "dans ce
travail, il y avait un maximum d'erreurs". "Un maximum de ..."
pour dire "un très grand nombre de ..." : "Jojo, sa plus grosse
bosse, c'est celle du commerce météo : avec la vague de froid, il
a placé un maximum de chauffages d'appoint, maintenant que c'est
la canicule, il vend un maximum de ventilateurs !"

E.LATTANZIO : L'expression a une telle fortune qu'elle s'abrège :
"un max" et qu'elle prend un sens plus général : beaucoup. "Je
devrais changer de voiture parce qu'avec mon vieux tas de
ferraille, je paye un max en réparations", "pour mon examen, je
vais travailler un max".

Y.AMAR : Attention, cette abréviation n'a pas le même sens qu'une
autre abréviation familière, "maxi", qui signifie "au plus", "au
maximum" : "tu comptes travailler combien de temps ce soir ? Oh,
une heure maxi !".