ADAM, EVE & Co

Par: (pas credité)


Y.AMAR : Adam et Eve : c'est le titre d'une pièce de théâtre qui se joue
actuellement. Vaste sujet, titre ambitieux !

E.LATTANZIO : Adam et Eve : personnages célèbres, passés dans
l'inconscient collectif et dans le langage, avec leurs attributs
et leurs manques.

Y.AMAR : Ce sont nos parents les plus anciens, d'après la légende
: "Je ne le connais ni d'Eve ni d'Adam", expression illogique et
bizarre pour dire : je ne le connais pas du tout, c'est-à-dire
aussi loin que je remonte dans ma famille, mes ascendants, mes
amis, etc ... je ne le connais pas, personne autour de moi ne le
connaît.

E.LATTANZIO : Adam et Eve, avant de croquer, se caractérisent par
leur innocence et, par exemple, par leur nudité : "en costume
d'Adam, un costume d'Eve, une tenue d'Eve" = nu(e).

Y.AMAR : Pas de vêtement donc, pas d'ustensiles non plus. Il
existe quelques expressions vieilles et charmantes : "le peigne
d'Adam, la fourchette d'Adam" = la main, les doigts, quand on s'en
sert pour manger, ou pour se peigner.

E.LATTANZIO : Eve est spécialement connue pour avoir succombé à la
tentation sans trop résister, pense-t-on : elle se laisse séduire
et séduit avec enjouement et sans culpabilité apparente. Encore
actuel : "une fille d'Eve" est une femme frivole et coquette et
futile et écervelée.

Y.AMAR : Adam et Eve, dans un premier temps, vivent donc au
Paradis, qui lui aussi laisse des traces en français. Ce Paradis
s'appelle l'Eden, nom du lieu en hébreu biblique. Il se trouve
qu'un autre mot hébreu, très proche, "adanim", mais paraît-il sans
rapport étymologique signifie "délices, voluptés". D'où un
amalgame des deux mots de la part des traducteurs et commentateurs
: Eden = jardin d'Eden = jardin des délices = paradis.

E.LATTANZIO : Paradis au départ veut dire jardin d'agrément. Mais
le mot français s'est spécialisé dans le sens de séjour des
bienheureux. En particulier le premier paradis, le paradis
terrestre avant le pêché originel, qui s'oppose au paradis
post-mortem où se retrouvent les âmes des bons chrétiens.

Y.AMAR : L'histoire biblique explique bien sûr des expressions
comme "paradis perdu" = passé en général plus ou moins idéalisé et
éventuellement regretté.

E.LATTANZIO : Toutefois le mot paradis est encore très productif
pour désigner un lieu idéal, par rapport à telle ou telle
activité. Hawaï, paradis des surfeurs, la baie de Somme, paradis
des amateurs d'oiseaux.

Y.AMAR : Et paradis fiscal : lieu propice pour établir le siège
social d'une société, car la fiscalité y est bien plus tolérante
que le pays d'origine des actionnaires majoritaires ...