PRINTEMPS
Par: (pas credité)
E. LATTANZIO : C'est le printemps de Bourges ! Ca se fête, et,
assez couramment, ça se dit. C'est que le printemps est de loin la
saison la plus riche en métaphores et en évocations. Succédant à
la nudité aride de l'hiver, le printemps symbolise la re-naissance
: "L'an se rajeunissait en sa verte jouvence..."
Y. AMAR : La décomposition du mot est éclairante. Il s'agit d'un
"vrai" mot français, formé au 13è siècle à partir de deux racines
latines, mais, pas d'un mot existant en latin. Primus tempus
(= la première saison) donne printemps.
E. LATTANZIO : Pourtant, il y a bien un modèle latin quelque part
: en latin, printemps se dit ver, et il existe l'expression de
primo ver (= au début du printemps), d'où provient primevère, qui
signifie printemps au Moyen-Age, et qui est resté en français pour
désigner une fleur de printemps.
Y. AMAR : Cette idée printanière colore donc fortement ce premier
élément prime, ce qui explique mieux la formation du mot
printemps, et teinte même de son insouciance des mots comme
primerose ou même primesautier d'une humeur badine et légère.
E. LATTANZIO : Le printemps, tout premier qu'il soit, ne
correspond pas à l'année officielle, ce qui ne donne que plus de
force au symbole : redémarrage du cycle végétal, qui évoque des
images de naissance et de petite enfance, en un mot de vie,
d'éternel retour, donc d'espoir.
Y. AMAR : De façon familière et pseudo-poétique (mais légère et
parodique), printemps est employé comme synonyme d'année, pour
donner un âge, en particulier s'il s'agit d'un âge
particulièrement tendre (elle n'avait pas dix-huit printemps).
E. LATTANZIO : Mais l'expression peut s'employer lorsqu'il s'agit
de grand âge, voire de très grand âge, non seulement de façon
plaisante, mais pour souligner la verdeur de l'ancêtre en question
: il a fêté ses quatre-vingt printemps, et soufflé toutes ses
bougies du premier coup.
Y. AMAR : Enfin, dans le vocabulaire politique, le printemps
désigne une période courte, euphorique et pleine d'espoir, qui, la
plupart du temps, se termine très mal (printemps de Prague,
printemps de Pékin - notamment en ce qui concernait les ex-pays de
l'Est. Le printemps, c'était l'image du socialisme à visage
humain.)
E. LATTANZIO : Et c'est en tout cas un mot souriant, positif et
plein d'espoir, qui évoque l'avenir et la découverte = le
Printemps de Bourges.