CLONE

Par: (pas credité)


Y.AMAR : A Genève, en ce moment, on parle de "clonage", à
l'Organisation Mondiale de la Santé. C'est en effet le thème du
débat qui vient de s'ouvrir et qui va concerner l'un des problèmes
aigus de la bioéthique actuelle.

E.LATTANZIO : Clone - Clonage : un sujet de recherche en pointe,
un débat de société, mais aussi des mots très à la mode, au point
qu'ils sont constamment utilisés dans un sens figuré. Le mot
apparaît en français en 1953, emprunté à l'anglais, qui lui-même
le tient du grec. On l'utilise d'abord dans le champ de la
botanique, puisque "clone" signifie au départ "pousse, rameau" et
qu'on l'emploie pour désigner le mode de reproduction par
ramification. Le clone est donc la conséquence d'une reproduction végétative et asexuée.

Y.AMAR : Au niveau cellulaire, c'est pareil : certaines cellules
se multiplient en se scindant et les différents organismes ont
exactement la même structure génétique.

E.LATTANZIO : La mode du mot provient de la conjonction de deux
phénomènes : les recherches génétiques les plus avancées tournent
autour de ce problème, les chercheurs tentent de reproduire des
organismes vivants à l'image des organismes naturellement procréés
(la brebis d'Ecosse), ce qui pose bien sûr les problèmes
d'apprenti-sorcier dont on débat à Genève.

Y.AMAR : Mais il se trouve que l'informatique s'est saisi du
couple clone/clonage pour nommer la similitude de structure des
logiciels et des programmes, et la possibilité que chacun avait de
se démultiplier.

E.LATTANZIO : On comprend alors pourquoi on se sert du mot
"clone", au figuré, pour parler d'un effet de mimétisme : tous ces
cadres qu'on croise dans les réunions commerciales, avec leur même
costume, cravate, attaché-case ... mais aussi avec les mêmes tics
de langage, les mêmes formules, les mêmes réflexes ... Ce sont des
clones.

Y.AMAR : Vous avez remarqué, le premier exemple qu'on cite, ce
sont les cadres commerciaux! Comme s'ils étaient plus bêtes que
les autres, ou plus conformes à un modèle, plus désireux de coller
à l'image que le patron se fait d'eux!

E.LATTANZIO : En tout cas, dans ce sens "clone" n'est pas un mot
très positif : il souligne l'absence de personnalité,
d'originalité : les clones sortent d'un même moule, comme les
musiciens du Conservatoire, dont on dit qu'ils ont plus de
technique que leurs aînés, mais qu'on ne peut plus les distinguer
les uns des autres.

Y.AMAR : On utilise également souvent le mot lorsqu'une forte
personnalité est à l'origine de comportements mimétiques : dans
tel ministère, le moindre chargé de mission est un clone du
ministre. Le clonage donc est la grande peur de la civilisation
des robots.