ZONE NON-FUMEUR

Par: (pas credité)


Y.AMAR : Lionel Rotcage, mais si, vous savez bien, le fils de
Régine, va passer en jugement. En jugement! Ciel! En effet c'est
bien de ça qu'il s'agit, puisqu'en plein ciel, le garnement s'est
permis d'allumer une cigarette! Oui mossieur! Alors même que la
compagnie aérienne qui lui avait vendu son billet l'interdisait!
(ça pourrait faire tousser les anges)...

E.LATTANZIO : Cette affaire pose malgré tout un problème grave :
comment interdire ? Ce qu'on appelle en grammaire l'expression de
la défense prend différentes formes en particulier lorsqu'il
s'agit d'un interdit public (donc qui ne s'adresse pas à une
personne particulière).

Y.AMAR : Panneaux ou inscriptions : on se place dans le cadre
d'une langue écrite et publique, en général plus ou moins
administrative, en un mot impersonnelle.

E.LATTANZIO : Parfois, pour adoucir l'interdit, on essaie de
personnaliser, notamment dans les avions : "Vous êtes priés
d'éteindre votre cigarette, de vous abstenir de fumer ..." Mais
justement, dans ce cas c'est une hôtesse qui parle : langue parlée
et non langue écrite.

Y.AMAR : Alors comment fait-on pour écrire ? Trois possibilités
essentielles : l'infinitif, "ne pas fumer SVP", la forme est
particulièrement neutre, ni spécialement brutale, ni spécialement
aimable (c'est la formule des recettes de cuisine : prendre une
belle bavette de mouton, poivrer, couper en dés, ne pas couvrir...)

E.LATTANZIO : La tournure impersonnelle : il est interdit de
fumer. Un adverbe vient parfois la renforcer : strictement,
absolument, formellement ... ou même une explication qu'on pense.
convaincante : pour des raisons de sécurité (par exemple autour
d'une pompe à essence, c'est un problème de sécurité, pas de
sociabilité).

Y.AMAR : L'expression "Défense de ...". Plus impersonnel et
administratif encore, les pictogrammes, petits dessins stylisés et
codés représentant une cigarette allumée, fumante et barrée. On
sait alors qu'on est dans une zone non-fumeurs. Notons donc pour
finir l'intéressante évolution de l'adjectif/substantif "fumeur".
Un fumeur est celui qui a l'habitude de fumer du tabac (au
féminin, une fumeuse).

E.LATTANZIO : Mais le sens a glissé. Un compartiment fumeur (ou
fumeurs) est un compartiment pour fumeurs, c'est-à-dire où on a le
droit de fumer. A partir de là, le couple fumeur/non fumeur a
fonctionné comme adjectif, pour exprimer l'autorisation ou
l'interdiction de fumer dans un certain lieu. C'est fumeur ici ?
Et l'adjectif est invariable : c'est une place non-fumeur(s).