JAPON

Par: (pas credité)


Y.AMAR : 1997 est l'année du Japon en France. Initiative
culturelle qui reste jusqu'à maintenant relativement inaperçue,
mais à laquelle l'inauguration de la Maison du Japon (aujourd'hui)
va peut-être donner un coup de fouet.

E.LATTANZIO : La présence japonaise dans la langue française est
somme toute assez modeste. On la sent néanmoins clairement,
d'autant que ses rares occurrences ne se dissimulent guère : le
japonais ne s'avance pas masqué et les mots nippons, facilement
reconnaissables, ne se sont pas francisés : Yamaha, Sony, Toshiba

Y.AMAR : Je sais que ce sont des noms de marques déposées, pour la
plupart d'ailleurs des patronymes japonais (noms des fondateurs),
mais ces exemples valent aussi bien que ceux des noms communs :
les mots japonais, bien que d'une sonorité très typique, sont
faciles à prononcer à la française, avec uniquement des phonèmes
(=des sons) qu'on trouve en français, sans qu'il soit besoin de
les adapter.

E.LATTANZIO : Faisons tout de suite un sort aux rares rescapés de
la vague du japonisme début du siècle : "mousmé" (=jeune fille)
qui signifie maîtresse (Cf. Proust et Albertine) et "geisha" qui
signifie (à tort d'ailleurs) courtisane.

Y.AMAR : Les mots japonais du français désignent ordinairement des
réalités culturelles bien japonaises. Certaines ont séduit plus
que d'autres, en particulier toutes celles qui touchent aux arts
martiaux, ces disciplines de combat, qui tiennent du sportif et du
spirituel, et sont en général le prolongement d'une certaine
philosophie : judo, aïkido, karaté ... La traduction littérale de
certains de ces mots renvoie bien à ces notions d'utilisation de
l'énergie de l'autre et d'art du mouvement : judo = art de la
délicatesse, de la conciliation, aïkido = voie de la paix.

E.LATTANZIO : A noter que pour judo et karaté, les plus répandues
de ces disciplines, on utilise les mots japonais pour désigner
leurs adeptes : judoka (courant) et karatéka (moins courant).

Y.AMAR : Un autre mot japonais a laissé des souvenirs les plus
meurtriers : c'est "kamikaze". Pour les Japonais, le nom a d'abord
été celui qu'on donna aux deux typhons providentiels, qui en 1274
puis en 1281 détruisirent les flottes mongoles qui se proposaient
d'envahir l'archipel (kamikaze, littéralement, veut dire très
grand vent).

E.LATTANZIO : En référence à cette histoire mythique, les japonais
ont donné ce nom aux pilotes qui, à bord d'avions de fortune, un
moteur dans une carcasse de bois, le tout lesté de bombes, se
jetaient sur la flotte américaine, pour faire sauter les
porte-avions, et eux avec. Le mot s'utilise aujourd'hui lorsqu'on
veut parler "d'attentat-suicide", où le terroriste sacrifie sa vie
à la réussite de son action. Et de façon dérivée, parfois, le mot
renvoie à une témérité provocante, à une trop grande prise de
risques (en sport, dans une stratégie commerciale, etc...).

Y.AMAR : On distinguera kamikaze et hara-kiri (suicide rituel lié
au code de l'honneur des seigneurs-samouraïs) qu'on emploie en
français dans des contextes plus plaisants ou ironiques (pour deux
raisons probablement : le mot se prête au calembour, "hara qui
rit", il a servi de titre à un célèbre journal satirique).

E.LATTANZIO : Un mot pour finir sur "karaoké", pratique née au
Japon.