UN TIRE-BOUCHON, DES TIRE-BOUCHONS
Par: (pas credité)
Y.AMAR : Grande vente aujourd'hui chez Christie. Si j'étais riche
et londonien, je m'y précipiterais : on va pouvoir négocier 450
tire-bouchons parmi les plus beaux, les plus rares, les plus
chers.
E.LATTANZIO : Bonne occasion de préciser les choses : un
tire-bouchon, 450 tire-bouchons. est-ce l'indice que les noms
composés prennent en français la marque du pluriel ? Pas du tout :
ils ne la prennent pas toujours. Alors quelle est la règle ?
Justement il n'y en a pas. Tout juste quelques tendances farcies
d'exceptions maudites.
Y.AMAR : Quand le mot est un ancien nom composé qui fait bloc,
comme un mot d'un seul tenant, il prend la marque du pluriel
ordinaire : entresols, gendarmes. Pas d'exceptions ? Si, bien sûr
bonhomme et gentilhomme par exemple.
E.LATTANZIO : Quand le mot est formé de deux noms d'importance
égale, les deux prennent la marque du pluriel :
moissonneuses-batteuses, avocats-conseils, pochettes-surprises.
Y.AMAR : Quand le deuxième nom est complément du premier, seul le
premier (le principal) se met au pluriel : chefs d'oeuvre,
pots-de-vin, arcs-en-ciel, années-lumière. Des exceptions ? Oui :
des pot-au-feu, des tête-à-tête.
E.LATTANZIO : Quand un nom est suivi d'un adjectif, les deux
varient : coffres-forts, rouges-gorges. Idem avec deux adjectifs :
clairs-obscurs, sourds-muets.
Y.AMAR : Quand un verbe est suivi d'un nom, ça se corse, deux
possibilités : le nom est comptable, alors on lui met un "s" quand
on est au pluriel : des tire-bouchons, parce qu'on dit des
bouchons, des passe-montagnes parce qu'on dit des montagnes, des
tourne-disques parce qu'on dit des disques.
E.LATTANZIO : Le nom n'est pas comptable : des porte-monnaie parce
qu'on dit de la monnaie, des chasse-neige parce qu'on dit de la
neige. Remarque : souvent, le mot est invariable avec un "s" au
bout. Laissez-vous guider par le bon sens : un porte-avions
(serait-il conçu pour ne porter qu'un avion ?), un porte-clés
(idem), etc ...
Y.AMAR : Une perfidie pour finir ? Les mots qui commencent par
"garde" : quand ils désignent des personnes, ils varient au
pluriel : des gardes-malades, des gardes-barrières, des
gardes-chiourmes ... Mais quand ils désignent des choses, ils
restent invariables : des garde-boue, des garde-robe, des
garde-manger, des garde-corps.