SPORTBIZ, SHOWBIZ, BIG BIZNESS
Par: (pas credité)
E.LATTANZIO : cette semaine s'ouvre le "sportbiz" à Monaco, premier
marché mondial des droits sportifs et du commerce sous licence.
"Sportbiz", on l'aura compris, est formé sur le modèle de
"showbiz" et sous-entend l'abréviation "sport-business"
c'est-à-dire les affaires faites autour du sport, en particulier
autour de la médiatisation des grands événements sportifs, et de
leur retransmission. Un anglicisme de formation purement
française, et que très subjectivement, je trouve particulièrement
hideux, tant pour son existence linguistique que pour les
pratiques qu'il désigne.
Y.AMAR : "Show business" est employé depuis les années 60, pour
désigner l'industrie du spectacle. L'expression est un peu vieillie,
mais son abréviation "showbiz" est restée plus ou moins
à la mode, et évoque plutôt les aspects les plus clinquants, les
plus pailletés du monde des variétés. Le mot est compris de tous,
mais il est utilisé soit dans le jargon du métier, soit dans les
feuilles de chou à scandale qui veulent faire croire à leurs
lecteurs qu'ils sont familiers des gens riches et célèbres. Plutôt
vulgaire dans l'un comme dans l'autre cas.
E.LATTANZIO : Une remarque quand même sur l'orthographe et la
prononciation : on passe de "business" à "bizness" et on rend
conforme l'orthographe de la première syllabe à sa prononciation.
Il se trouve qu'on retrouve là une très ancienne orthographe
anglaise "bisiz", dont l'orthographe a mystérieusement changé vers
le 15ème siècle, alors que sa prononciation s'est maintenue.
Y.AMAR : On voit du même coup que le mot "business" est fort
ancien (on le trouve dans des textes anglo-saxons vers le 10ème
siècle). Après avoir signifié "souci, impatience", il s'applique
au monde du commerce et de la finance, et arrive en France, avec
un fort accent américain, dans la deuxième moitié du 19ème siècle.
Il est alors fortement influencé par l'idéologie libéralisme et
américaine du big business, et à peu près synonyme des "affaires"
et draine après lui le mot "businessman". Ces deux emplois ont
relativement vieilli, bien qu'ils ne soient pas totalement sortis
d'usage en français.
E.LATTANZIO : Quelques sens figurés, propres au français, et
vieillis également : "business" en argot du début du siècle a
signifié "prostitution" (en dérivant du sens d'affaires louches,
qu'on couvre d'un nom vague, mystérieux ou cryptique). Ce sens
n'existe plus du tout dans la langue d'aujourd'hui. Et puis, dans
les années cinquante, un "business" (bizness ?) a été synonyme
d'un "machin", d'un "truc", probablement sous l'influence de la
première syllabe de "bidule", voire de "bitoniau". C'est le "bi-"
qui était productif. Désuet, mais encore compris.