FLEUVE

Par: (pas credité)


Y.AMAR : Une vente-fleuve de meubles commence aujourd'hui (10 juin)
et va durer quatre jours. "Fleuve" : utilisation du mot fleuve en
composition (2ème terme) dans des expressions du type
roman-fleuve, discours-fleuve, rapport-fleuve : pour indiquer la
longueur, la durée. Roman-fleuve = roman très long du type des
romans russes de la fin du siècle dernier. Discours-fleuve, du
type de ceux prononcés par les anciens dirigeants des pays
communistes.

E.LATTANZIO : Rapport-fleuve : un rapport à la fois long et
volumineux. Donc, idée de longueur mais aussi de volume et
attachée au mot fleuve bien que du point de vue géographique un
fleuve puisse être court (un fleuve côtier). Cf. "La vie est un
long fleuve tranquille" où les mots "long" et "fleuve" sont
utilisés en association presque redondante.

Y.AMAR : Dans la plupart des cas, il s'agit de termes qui ont
trait à des phénomènes liés au langage (écrit ou oral). Il existe
en effet un grand nombre d'images ou de sens figurés qui
rapprochent le langage de l'eau.

E.LATTANZIO : Sans doute y-a-t-il donc une influence des images
liquides liées au "débit" de la parole ? On dit, par exemple, un
"flot" ou un "flux" de paroles ou encore plus savant, une
"logorrhée" = un flot de propos, avec un sens péjoratif, paroles
oiseuses. Suffixe "rhée", issu du grec = écoulement (exemple :
diarrhée). Au siècle dernier on disait d'ailleurs "un fleuve
d'éloquence, de poésie ..." pour désigner un orateur à la parole
facile et harmonieuse.

Y.AMAR : On dit aussi encore aujourd'hui un "torrent d'éloquence"
ou dans un autre registre on dira par exemple qu'une personne
irritée a proféré un "torrent" d'injures. L'image est légèrement
différente dans la mesure où le torrent à débit très rapide et
irrégulier suggère l'image d'une parole plus impétueuse et plus
désordonnée. On dira d'un avocat énergique mais parfois confus
qu'il a une éloquence "torrentueuse".

E.LATTANZIO : L'idée se retrouve dans une expression comme "tenir
des propos en cascade", dans laquelle le mot désigne le manque de
liaison logique (en apparence au moins) entre les différents
termes.

Y.AMAR : A comparer avec l'usage actuel de mots imagés comme le
terme "vague". On parle par exemple de la "vague" rose ou du "raz
de marée" voire de la "déferlante" de tel ou tel parti dans une
élection à sens unique.

E.LATTANZIO : On retrouve l'image aquatique : elle a un sens
différent, elle traduit le déferlement irrésistible, l'invasion
contre laquelle on ne peut rien. Mais l'image est maritime et non
fluviale. Ici l'idée est celle de la puissance et non seulement du
volume.