EN DIRECT, LIVE

Par: (pas credité)


Y.AMAR : Fête de la Musique/Faites de la musique. La plaisanterie
a fait long feu; on se garde de la trop rappeler en ces moments où
l'on éloigne à tout crin le souvenir des époques
mitterrandiennes. Mais la fête, pour le moment, reste.

E.LATTANZIO : C'est l'occasion de faire, d'entendre et de
transmettre de la musique au moment où elle est faite : "en direct
live". Plaisanterie un peu lourde, pléonastique et anglicisante,
qui joue sur l'incompréhension relative des termes anglo-saxons
couramment employés dans le milieu des médias.

Y.AMAR : L'expression "live", proscrite sur les antennes si ce
n'est pour en glosser le vice -pose certains problèmes. Voyons ses
emplois, elle en a deux principaux.

E.LATTANZIO : En général, employée comme adjectif (une émission
live) ou comme adverbe (un disque enregistré live), elle signifie
que le spectacle est enregistré en public. Plusieurs équivalents
français sont possibles : en concert, en public, sur scène, ou
même le calque de l'anglais, qui fait plus moderne et peut-être
plus sot (c'est mon côté réac qui parle), mais qui est recommandé
par les imbéciles du CSA et par ce crétin de Michel Voirol :
"enregistrement vivant".

Y.AMAR : L'idée "en concert" s'oppose donc à l'idée "en studio" et
le terme s'applique essentiellement aux musiques susceptibles de
déchaîner des réactions visibles ou audibles, en tout cas de
modifier notablement l'atmosphère générale.

E.LATTANZIO : Le mot "live" est parfois utilisé avec une
signification différente. C'est le fameux "en direct live". Live
du Palais des Sports, live de Los Angeles, etc = en direct.
C'est-à-dire que le spectateur ou l'auditeur voit et entend le
spectacle au moment même où il se déroule. Et cela s'oppose à "en
différé", technique qui fait entendre un évènement après qu'il
s'est produit.

Y.AMAR : De toute façon, le passage d'un spectacle à sa
reproduction pose des problèmes de vocabulaire. D'un concert qui
passe sur les ondes, on dit qu'il est diffusé (Cf. radio diffusion
française). S'il repasse, il est rediffusé. La bizarrerie tient à
ce que s'il est diffusé en direct, on dit qu'il est retransmis et
on parle ainsi de la retransmission d'une épreuve sportive, d'un
discours politique, etc ...

E.LATTANZIO : Le préfixe "re-" n'a donc ici nullement le sens de
"à nouveau, pour la seconde fois" et vient probablement de ce que
l'évènement en question est d'abord transmis à un émetteur général
(par ligne spéciale) qui à son tour le retransmet vers tous ceux
qui sont susceptibles de le capter.

Y.AMAR : Certaines recommandations récentes ont préconisé, sur des
chaînes de service public l'emploi du mot "transmission" (et non
"retransmission" qui semble illogique) : un concert transmis en
direct. Intention peut-être louable, mais en complète
contradiction avec l'histoire de la langue.