RETRO

Par: (pas credité)


Hongkong, le mot que probablement on entend le plus aujourd'hui -
un mot chinois pour une ville chinoise. A priori, peu de choses à
en tirer pour Parler au Quotidien : cette actualité n'est pas
essentiellement linguistique.

Pas si vite, compagnon : et le rétrocession alors ? Car c'est le
mot consacré qu'on emploie pour désigner ce geste politique.

Cette rétrocession - mot à mot : le fait de céder à reculons -
renvoie à un accord qui vise à rendre une possession à son ancien
propriétaire. Il s'agit donc d'une transaction, tout à fait
honorable, dans laquelle quelqu'un rentre en possession de ce qui
a été, jadis ou naguère, son bien.
Ne pas confondre le mot avec restitution, qui implique qu'on rend
un bien à son propriétaire légitime après que celui-ci a été volé
ou escroqué : la restitution répare une malhonnêteté, une irrégularité.

Le mot rétrocession utilise le préfixe rétro = qui fait un pas en
arrière, revient à une étape précédente.

On trouve ce préfixe dans un certain nombre de mots, parfois même
avec son sens concret : un rétroviseur permet de voir ce qui se
passe derrière soi.

L'adjectif rétroactif est bien plus abstrait : il s'applique à une
loi ou à une disposition qui prend effet à une certaine date, mais
qui est opérante en ce qui concerne une période antérieure. Si par
exemple on vous augmente rétroactivement, vous toucherez des
arriérés de salaire qui couvrent une période déjà passée - bonne
affaire.

L'adjectif rétrograde - littéralement : qui marche à reculons -
s'applique aux réactionnaires, mais plutôt à propos de moeurs et
de comportement que de politique.

Et puis on parle de mode rétro tout court, cette mode qui trouve
du charme aux périodes passées - mais de pas trop longtemps : les
années 50, les robes Vichy, les linos à points rouges et à
triangles jaunes.

Pour finir, on peut invoquer le diable en latinisant : vade retro,
Satanas.


Yvan Amar