TOUR DE FRANCE : METAPHORES ET IMAGES A PROPOS DE LA COURSE
Par: (pas credité)
Les images ont souvent été employées à propos du tour, grande
manifestation populaire par excellence. Ces images attestent pour
certaines d'entre elles le fait que les journalistes qui
s'intéressaient au tour avaient parfois une culture littéraire.
Elles tendent à disparaître aujourd'hui, la dimension technique
prenant parfois le pas sur l'aspect humain.
Désignation de la course elle-même : "la grande boucle". Allusion
à la forme vaguement circulaire du parcours.
Les coureurs : les "géants"/ les "forçats de la route". Cette
appellation renvoie à la difficulté de cette course en même temps
qu'à l'admiration du public pour l'épreuve supportée par les
coureurs.
Les "suceurs de roue" : les coureurs qui se contentent de suivre
et ne prennent jamais le relais. Allusion au fait qu'ils restent
collés à la roue arrière de celui qui mène.
Les "gregario" (en italien, simple soldat) : ce mot est tombé en
désuétude, mais il a longtemps servi à désigner les coureurs au
service d'un leader. Ce sont les grands coureurs italiens des
années 40 (Coppi, Bartali) qui ont généralisé une hiérarchie où
certains équipiers étaient chargés de faciliter la course de leur
leader et s'occupaient à sa place des petites tâches de basse
besogne (porter la musette de ravitaillement, aller chercher de
l'eau). Dans la presse française des années d'après-guerre, on
parlait de "porteur d'eau" ou de "bidon". Allusion au fait que les
équipiers étaient chargés de trouver de l'eau pour leur "chef"
dans les périodes de grande canicule.
La "lanterne rouge" : le coureur dernier au classement général
(toutes étapes confondues) : allusion imagée à la lanterne rouge
qui signale le dernier wagon d'un convoi de chemin de fer. Dans le
folklore ancien du Tour, il n'était pas rare que le coureur classé
dernier mette un catadiope rouge à l'arrière de son vélo, comme il
en existe sur les vélos de tourisme pour réfléchir la lumière
et indiquer sa présence en circulation de nuit. Usage métaphorique
répandu : "Tel pays est la lanterne rouge de la lutte contre les
déficits publics, le chômage, etc.".
Surnoms des coureurs : - Campionissimo : surnom donné par la
presse italienne à Coppi. Avec la valeur du superlatif,
intraduisible en français.
- L'aigle de Tolède : surnom donné à un coureur espagnol
originaire de cette ville, Federico Bahamontès, premier coureur
espagnol à gagner le tour en 1959, très bon grimpeur (d'où la
dénomination d'aigle).
- "L'archange de la montagne" : surnom donné à un coureur
luxembourgois, Charly Gaul, qui remporta le tour en 1958, célèbre
à l'époque pour ses qualités exceptionnelles de grimpeur.
- "Le pédaleur de charme" : surnom donné à un coureur suisse, Hugo
Koblet, vainqueur du tour en 1951, célèbre pour l'élégance et la
souplesse de sa pédalée.
- "Le blaireau" Bernard Hinault, vainqueur de 5 tours de France,
connu pour sa ruse et sa science de la course.
- Un cas particulier : du nom propre au nom commun : Poulidor,
coureur dont le nom est devenu synonyme d'"éternel second". Quatre
fois second du tour, jamais vainqueur, et même jamais porteur du
maillot jaune en 14 tours. Légende du "perdant", du "loser" (le
mot n'existait pas encore).
Yvan AMAR