TOURISME
Par: (pas credité)
Je sais bien que ce n'est plus tout à fait de saison mais j'ai
quand même bien envie de vous parler un peu de "tourisme",
aujourd'hui. Le tourisme, c'est un phénomène relativement récent
qui date du 19ème siècle, et le mot, bien entendu, date de la même
époque.
En France, c'est Stendhal, grand amateur de voyages, qui l'utilise
pour la première fois dans son livre "Mémoires d'un touriste" en
1838. Il vient du mot "tour", mot anglais d'origine française qui
signifie voyage dans la langue de Shakespeare.
On retrouve d'ailleurs, ce mot, dans son sens anglais, dans des
expressions, elles aussi anglaises, mais couramment utilisées en
français comme l'expression "tour-operator" qui désigne celui qui
organise des voyages. C'est ainsi qu'aiment à se nommer, à
présent, les personnes qui travaillent dans les agences de voyage
qui vendent du voyage (circuit et séjour).
Mais en français, le mot "tour" n'a pas la même signification. Il
désigne d'abord un parcours au terme duquel on revient à son point
de départ. Les coureurs du "Tour de France" accomplissent un
circuit sportif et ne font assurément pas un voyage d'agrément,
pas plus , d'ailleurs, que les Compagnons qui faisaient, jadis,
leur "tour de France".
Dans son acception la plus commune, le mot perd complètement cette
idée d'un long périple pour ne plus désigner qu'un rapide
déplacement dans son environnement le plus immédiat, on fait un
tour dans son quartier, on peut aussi, si on a quelque bien, faire
le "tour du propriétaire", c'est-à-dire de son domaine.
Le mot "tournée", lui, était synonyme en ancien français de
voyage, mais peu à peu, son sens s'est restreint et il désigne à
présent une forme de voyage bien particulier, celui qu'on fait
pour des besoins professionnels. Faire une tournée, c'est suivre
un itinéraire précis dont tous les arrêts sont fixés
préalablement. Les représentants de commerce et les artistes
connaissent les joies de ce type de déplacement, mais s'ils
"tournent", comme on peut dire, ils ne sont pas pour autant des
touristes.
Revenons au terme de "tourisme" un moment, pour constater qu'avec
sa démocratisation, le mot est devenu, souvent dans son usage
courant, péjoratif. On parle de "tourisme de masse", en insistant
sur le côté grégaire de ces migrations saisonnière qui ne se
déplacent qu'en bande (Venise, trains de plaisir, congés payés).
Le mot est un peu racheté quand il est suivi de l'adjectif vert.
Faire du "tourisme vert", c'est explorer la nature tout en
préservant l'écologie (vacances en ferme-auberge, randonnée
pédestre, proche de la nature).
D'ailleurs, dans de type de voyage, vous n'aurez pas l'occasion
d'attraper ce qu'on appelle trivialement la "tourista", cette
forme de dysenterie réservée dans les pays chauds à nos malheureux
touristes.
Le touriste a perdu du prestige dont il jouissait au 19ème siècle,
quand il était encore un privilégié découvrant les pays étrangers
pour son seul plaisir. D'ailleurs, cela s'entend dans les
expressions courantes que l'on construit avec le mot "passer en
touriste" dans une entreprise ou encore dans une salle de classe,
c'est rester dans une attitude de détachement, presque de
désintérêt pour ce qui se passe autour de vous, c'est finalement
ne pas s'intégrer à un ensemble social et ne pas jouer le jeu.