PERCUTER

Par: (pas credité)


Le voilà, le mot à la mode : "percuter" dans un sens bien
particulier : réagir, comprendre tout de suite : "Il m'a dit qu'il
allait à Blois, je n'ai pas percuté ! J'aurais dû lui dire qu'il
me dépose à Orléans : c'est sur le chemin !".

"Je n'ai pas percuté", c'est-à-dire "je n'ai pas fait le
rapprochement, j'ai manqué d’à propos".

C'est, bien sûr, un jargon familier et récent, qui fait encore
partie d'une sorte d'argot assez jeune.

Mais l'image est bizarre : ce n'est pas celle d'un contact
électrique : la métaphore n'est pas neuronale. Au sens propre,
"percuter", c'est frapper violemment et précisément.

Et on parle, au figuré, de réponses percutantes, de dialogues
percutants, lorsqu'on entend des répliques acérées, cinglantes,
qui font mouche.

Si, au contraire, on se trouve muet devant son interlocuteur, si
on est plat, si c'est plus tard que viennent les arguments, et les
bonnes réponses, on dit qu'on a l'esprit de l'escalier - comme si
c'était dans l'escalier, quand on s'en va, que revenaient des mots
qui avaient manqué sur le coup.

Mais revenons à "percuter" : cet emploi jargonnant est doublé par
un autre, encore plus familier : j'ai "tilté", dont l'origine est
à trouver dans la pratique du "flipper", en français académique :
du billard électrique. Là, le contact électrique est évident. Et
pourtant, le sens est paradoxal puisque dans le jeu de "flipper",
le "tilt" est la neutralisation de la partie - une annulation de
la partie qui pénalise un joueur qui a trop secoué la machine. Un
balancier est actionné par un mouvement pendulaire (to tilt, en
anglais, c'est se balancer, aller d'avant en arrière, culbuter...)
et donc, le plus étonnant, c'est que le "tilt" éteint plus qu'il
n'allume, au sens propre.