REALISME

Par: (pas credité)


"Réalisme" : le mot est très utilisé en ce moment, notamment en
politique où il sert parfois à mesurer la distance qui existe
entre les promesses électorales et la réalité du pouvoir qui
s'ensuit. On est bien loin du slogan soixante-huitard : "Soyez
réalistes : demandez l'impossible !"

Mais en général, le réaliste est celui qui ne demande pas
l'impossible, qui distingue ce qui est à sa portée de ce qui est
hors d'atteinte, qui ne se berce pas d'illusion.

Le réalisme s'oppose donc à l'irréalisme... mot toujours péjoratif :
un projet irréaliste pêche par excès d'ambition, voit trop
grand, hypothèque sur l'avenir, fait des chateaux en Espagne.

Mais attention, si le réaliste ne voit pas très grand, il n'est
pas forcément mesquin non plus. Il a les pieds sur terre, voilà
tout : le mot n'est pas péjoratif. Parallèlement à cet emploi du
langage courant, le mot réalisme a fait toute une carrière dans le
vocabulaire esthétique.

En peinture, d'abord avec Courbet qui, au milieu du 19ème siècle
prône le réalisme pour prendre le contre-pied du romantisme.

Mais le mot s'emploie aussi en littérature, pour évoquer la mise
en oeuvre de situations plausibles, d'intriques vraisemblables
qui mettent en scène des personnages ordinaires - pas seulement
des princes et des fées.

D'autres mots parfois surenchérissent sur cette tendance : on
parle de naturalisme pour certains romanciers fin 19ème siècle qui
veulent secouer les règles de la bienséance considérées comme
frileuses et trop bourgeoises. Ils voulaient parler sans peur de
la misère, de la saleté, de la sexualité ou de la violence
sociale, et tâcher de montrer une vie telle qu'elle est.

Et même en musique, on parle de "vérisme" pour certains opéras de
la fin du 19ème et par la suite, de "chanson réaliste" avec
souvent des chanteuses qui mettent en scène de pauvres filles
douées pour le malheur, nées dans le ruisseau et mortes sur le
trottoir.