BIS

Par: (pas credité)


L'Olympia, le plus célèbre des music-halls parisiens, a été démoli
il y a quelques mois, mais sous l'active pression des milieux
artistiques, il a été reconstruit à l'identique, à quelques
dizaines de mètres de son emplacement d'origine. Et voilà qu'on
inaugure un "Olympia bis" (c'est ainsi que les médias l'ont
présenté).

C'est-à-dire un deuxième Olympia, puisque ce latinisme, passé tel
quel en français, veut dire "pour la deuxième fois". L'expression
ne méssied pas totalement à une salle de concert, puisqu'elle est
spécialement employée dans le langage musical. Depuis le 18ème
siècle, lorsque le public, ravi, veut la reprise d'un morceau, il
crie "bis!", c'est-à-dire "une deuxième fois, encore!"

Le verbe "bisser" en dérive : jouer pour la seconde fois, "le
final a été bissé". Mais le nom "bis" en a hérité un sens dérivé :
lorsqu'à la fin d'un concert, le public est très enthousiaste, au
bout de plusieurs rappels, quand les artistes sont revenus
plusieurs fois sur scène pour saluer, ils exécutent en morceau en
plus du programme prévu, "un bis". Parfois ils reprennent un
morceau déjà joué durant le concert, mais la plupart du temps, il
s'agit d'une autre pièce, souvent brillante et difficile, donc qui
suscite l'admiration d'une salle déjà chaude.

Ce mot de "bis" est donc tout à fait implanté en français, mais on
l'utilise aussi en tant que mot latin, notamment dans l'expression
"bis repetita" ou intégralement "bis repetita placent" = les
choses répétées plaisent. La citation s'utilise pour souligner le
fait qu'une situation se répète, ou pour excuser, expliquer une
répétition. La phrase n'est pas exactement une citation, mais elle
dérive de l'Art Poétique d'Horace, où le poète soutient qu'une
vraie belle pièce peut être répétée dix fois sans lasser
l'auditeur, là où un texte médiocre lasserait une deuxième fois.

Enfin, mais c'est familier, l'expression "bis" peut être employée
ironiquement pour souligner qu'une chose se recommence, ou qu'il
va falloir la recommencer. C'est dans ce sens-là l'équivalent de
l'expression plus familière encore : "Rebelote!"