MARIAGE, DIVORCE ET DEMARIAGE
Par: (pas credité)
Madame Guigou plaide en ce moment pour le "démariage", une
procédure ne faisant intervenir ni avocat ni magistrat qui
permettrait d'annuler un mariage dans des conditions similaires à
celles dans lesquelles il a été conclu : à la mairie, devant le
maire. Le mot démariage d'ailleurs dit bien ce qu'il veut dire :
symétrique de mariage, formé à l'aide du préfixe "dé" qui, par
excellence, défait ce qui a été fait et délie ce qui a été lié.
L'utilisation de ce néologisme met l'accent sur ce tour nouveau
que prendrait le divorce : le mariage, actuellement, est un
contrat, et le divorce un jugement, prononcé par un juge aux
affaires matrimoniales. C'est cette différence de statut qui est
mise en cause, pour les cas où les époux sont d'accord sur tous
les points de leur séparation.
Ce mot de démariage n'est d'ailleurs pas exactement un néologisme
puisqu'il existait en ancien français pour évoquer la rupture d'un
mariage (et qu'il a perduré longtemps dans la culture de la
betterave : le démariage consiste à éclaircir les plants pour ne
laisser en place que les sujets les plus beaux).
Autre intérêt du démariage : la symétrie sera également
syntaxique : "on se marie, on se démarie", alors qu'il faut encore "divorcer"
(et non se divorcer). La tournure "se divorcer" n'existe pas,en
effet, en français contemporain, bien qu'elle ait existé (en
coexistence avec l'autre), et qu'on l'entende encore au Québec.
Quant au verbe "marier", il a eu plusieurs sens et plusieurs
constructions : à l'origine (12ème siècle), "marier" signifie
donner sa fille en mariage. On entend encore, même si c'est un peu
désuet, des expressions telles que "il a marié sa fille" (ça ne
s'emploie guère pour les garçons), "une fille à marier", etc...
Mais bien vite, le verbe prend d'autres sens : "marier quelqu'un",
c'est l'épouser. Là encore, cet usage est passé, et cette
construction, si d'aventure on l'entend, passe pour populaire,
fautive, rurale ou nordiste : "j'ai marié Jeannette et je m'en
mords les doigts ; j'aurais dû marier sa soeur". Mais le mariage
moderne est pronominal : "nous nous sommes mariés, je me suis
marié avec Henriette".