HORS-LES-MURS

Par: (pas credité)


"Beaubourg hors-les-murs". Depuis le début des travaux qui doivent
redonner sa jouvence au Centre Pompidou, un certain nombre
d'activités ont lieu ailleurs, et on parle de "Beaubourg
hors-les-murs" lorsque, pour assister à un colloque ou une
lecture, il faut se rendre dans un supermarché ou une pizzeria. De
même, on parle de la Villa Gillet "hors-les-murs" (en effet, cette
institution se trouve actuellement sans domicile fixe depuis que
le Conseil Régional Rhône-Alpes n'a pas renouvelé la mise à
disposition des lieux). Et on parle même du Théâtre de l'Athénée
"hors-les-murs". L'expression est ancienne, mais spécialement à la
mode depuis quelque temps (en effet, il ne me semble pas qu'on
avait parlé de "Comédie Française hors-les-murs pendant les
travaux).

La préposition "hors" est encore tout à fait courante en français
actuel, avec le sens de "à l'extérieur de", mais on ne l'emploie
couramment que sous la forme "hors de" : hors de France, hors de
chez lui, etc.

Mais on la trouve très souvent dans les locutions figées, avec un
sens généralement beaucoup plus abstrait : "hors de lui, hors de
combat, hors d'état de nuire". Parfois même, l'expression est
devenue nom commun : "hors-d'oeuvre", qui a désigné, en
architecture, la partie d'une construction qui était en saillie,
échappant à l'alignement, puis un fragment d'un tout considéré
comme n'appartenant pas à l'essentiel, donc, qu'on pourrait
retrancher sans dommage, et enfin, comme le premier plat, léger,
et pour ainsi dire apéritif.

Mais l'ancienne construction de "hors" n'avait pas besoin de la
préposition "de". On en trouve des reliquats assez nombreux dans
notre langue, sous forme d'expressions figées : "hors service" (cf
l'abréviation administrative "hs" qui finit par être, dans l'argot
du tertiaire, employée pour rire, comme synonyme de "très fatigué,
crevé"). Souvent, les tournures ont une valeur d'adjectif ou
d'adverbe : "hors pair" (littéralement : sans égal, inégalé),
"hors ligne" (même sens, mais nettement plus rare). "Hors jeu" (en
football d'abord, se dit d'un attaquant qui se trouve au-delà de
la ligne des défenseurs adverses, mais s'emploie de plus au sens
figuré : un homme politique est "hors jeu" s'il se situe en dehors
du jeu politique concret, ou s'il est inéligible, par exemple).

Et parfois, bien sûr, on en fait des noms communs : "hors-la-loi".